Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/199

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firent avancer jusqu’au bord du ruisseau leur cavalerie et leurs chars, cherchant, de leur position dominante, à en disputer le passage ; mais, repoussés par les cavaliers, ils se retirèrent dans une forêt où se trouvait un lieu singulièrement fortifié par la nature et par l’art, refuge construit jadis pendant des guerres intestines[1]. De nombreux abatis d’arbres en fermaient toutes les avenues. Les Romains poursuivirent l’ennemi jusqu’à la lisière du bois et tentèrent d’enlever la position. Les Bretons sortaient par petits groupes pour défendre les approches de leur oppidum ; mais les soldats de la 7e légion, ayant formé la tortue et poussé une terrasse jusqu’à l’enceinte, s’emparèrent du réduit et les chassèrent du bois sans pertes sensibles. César empêcha de les poursuivre ; il ne connaissait pas le pays et voulait employer le reste du jour à fortifier son camp[2].

    Barham et Kingston répond mieux à l’idée que donne la lecture des Commentaires. Les hauteurs de la rive gauche de la Petite-Stour ne sont pas tellement accidentées que les chars et la cavalerie n’aient pu y manœuvrer, et les Bretons auraient occupé, comme l’exige le texte, une position dominante, locus superior, sur les versants qui se terminent au ruisseau en pentes douces.

    Ce ruisseau, vu son peu de profondeur, ne constitue pas un véritable obstacle ; or, il semble effectivement résulter du récit des Commentaires que l’engagement n’y fut pas sérieux et que la cavalerie de César le passa sans peine. Ce dernier fait constitue une objection contre la Grande-Stour, que plusieurs auteurs, entre autres le général de Gœler, prennent pour le flumen du texte : elle est assez large et assez encaissée vers Sturry, où l’on place le théâtre de l’action, pour que la cavalerie n’ait pu la traverser que difficilement. D’ailleurs Sturry est à quinze et non pas à douze milles de la côte de Deal.

  1. Il est évident que ce lieu ne doit pas être cherché à plus de quelques kilomètres de la Petite-Stour, car il faut se rappeler que les Romains étaient débarqués la veille, qu’ils avaient fait une marche de nuit de douze milles et qu’ils venaient de livrer un combat. Malheureusement le pays situé à l’ouest de Kingston est tellement accidenté et boisé qu’il est impossible de choisir un site plutôt qu’un autre pour en faire l’oppidum breton. Peut-être pourrait-on le placer vers Bursted ou Upper-Hardres.
  2. Guerre des Gaules, V, ix.