Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/202

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César, afin de déjouer cette manœuvre, leur aurait ouvert un libre passage en plaçant ses cohortes à de plus grands intervalles ; il aurait ainsi renouvelé les dispositions prisés par Scipion, à la bataille de Zama, pour se garantir des éléphants carthaginois.

Cet engagement, livré devant le camp et sous les yeux de l’armée, montra combien la tactique romaine était peu appropriée à ce genre de guerre. Le légionnaire, pesamment armé et habitué à combattre en ligne, ne pouvait ni poursuivre l’ennemi dans sa retraite, ni trop s’éloigner de ses enseignes. Un désavantage plus grand encore existait pour les cavaliers. Les Bretons, par une fuite simulée, les attiraient loin des légions, et alors, sautant à bas de leurs chars, engageaient à pied une lutte inégale ; car, toujours soutenus par leur cavalerie, ils étaient aussi dangereux dans l’attaque que dans la défense[1].

Le jour suivant, les ennemis prirent position loin du camp, sur les hauteurs : ils ne se montrèrent que par petits groupes, isolés, harcelant la cavalerie avec moins d’ardeur que la veille. Mais, vers le milieu du jour, César ayant envoyé an fourrage trois légions et la cavalerie sous les ordres du lieutenant C. Trebonius, ils s’élancèrent de toutes parts sur les fourrageurs avec une telle impétuosité, qu’ils vinrent jusque près des aigles et des légions restées sous les armes. L’infanterie les repoussa avec vigueur, et, quoique ordinairement elle s’en remît à la cavalerie du soin de la poursuite, cette fois elle ne cessa de les chasser devant elle que quand la cavalerie, se sentant appuyée, vint elle-même précipiter la déroute. Celle-ci ne leur laissa le temps ni de se rallier, ni de s’arrêter, ni de descendre des chars, et en fit un grand

  1. Sur les chars des Bretons, voyez Strabon (IV, p. 166), Dion-Cassius (LXXVI, xii). César parlait de plusieurs milliers de cavaliers et de chars de guerre, dans le troisième livre d’un mémoire adressé à Cicéron et qui s’est perdu (Junius Philargyrus, Comm. des Géorgiques de Virgile, III, p. 204).