Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/204

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ou en aval), afin de tourner la position et d’occuper l’ennemi, pendant que l’infanterie détruirait les obstacles et traverserait le fleuve à gué. Les soldats entrèrent résolument dans la Tamise, et, bien qu’ils eussent de l’eau jusqu’aux épaules, tel fut leur élan que les Bretons ne purent soutenir le choc, abandonnèrent la rive et s’enfuirent. Polyen raconte à cette occasion que César se servit d’un éléphant pour faciliter le passage ; mais, les Commentaires ne mentionnant pas le fait, il est difficile d’y ajouter foi[1].


Soumission d’une partie de la Bretagne.

VII. Cet échec enleva à Cassivellaunus tout espoir de résistance ; il renvoya la plus grande partie de ses troupes, ne garda que quatre mille hommes environ, montés sur des chars. (En supposant six essedarii par char, cela ferait encore le nombre considérable de six cent soixante voitures.) Tantôt se bornant à observer la marche de l’armée, tantôt se cachant dans des lieux de difficile accès, ou faisant le vide devant le passage des colonnes romaines ; souvent aussi, profitant de la connaissance des lieux, il tombait à l’improviste avec ses chariots sur la cavalerie quand elle s’aventurait à marauder et à saccager au loin ; ce qui obligea celle-ci à ne plus s’écarter des légions. Ainsi le dommage

  1. Guerre des Gaules, V, xviii. — Polyen s’exprime ainsi : « César, étant dans l’île de Bretagne, voulait passer un grand fleuve. Cassivellaunus, roi des Bretons, s’opposait au passage avec une cavalerie nombreuse et beaucoup de chariots. César avait un très-grand éléphant, animal que les Bretons n’avaient jamais vu ; il l’arma d’écailles de fer, lui mit sur le dos une grande tour garnie de gens de trait et de frondeurs, tous adroits, et le fit avancer dans le fleuve. Les Bretons furent frappés d’étonnement à l’aspect d’une bête si énorme qui leur était inconnue. Et qu’est-il besoin de dire que leurs chevaux en furent effrayés, puisqu’on sait que, même parmi les Grecs, la présence d’un éléphant fait fuir les chevaux ? À plus forte raison, ceux des barbares ne purent supporter la vue d’un éléphant armé et chargé d’une tour d’où volaient des pierres et des traits. Bretons, chevaux et chariots, tout cela prit la fuite ; et les Romains, par le moyen de la terreur que donna un seul animal, passèrent le fleuve sans danger. » (Stratagèmes, VIII, xxiii, § 5).