Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/22

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l’envie d’étendre les limites de notre empire ? Y a-t-il rien de plus inculte que ces pays, de plus sauvage que ces villes, de plus féroce que ces peuples, de plus admirable que la multiplicité des victoires de César ? Peut-il trouver des limites plus reculées que l’Océan ? Son retour dans sa patrie offenserait-il ou le peuple qui l’a envoyé, ou le sénat qui l’a comblé de distinctions ? Son absence augmenterait-elle le désir qu’on à de le revoir ? Ne contribuerait-elle pas plutôt à le faire oublier et à faner, par le laps de temps, ses lauriers cueillis au milieu des plus grands périls ? Si donc il en est qui n’aiment pas César, ils doivent se garder de le rappeler de sa province ; puisque c’est le rappeler à la gloire, au triomphe, aux félicitations, aux suprêmes honneurs du sénat, à la faveur de l’ordre équestre, à l’affection du peuple[1]. »

Ainsi, dès la fin de 698, il pouvait ramener son armée en Italie, demander le triomphe et obtenir le pouvoir, sans avoir besoin de s’en emparer comme avaient fait Sylla, Marius, Cinna, et même Crassus et Pompée.

Si César avait accepté le gouvernement des Gaules dans la seule pensée de se créer une armée dévouée à ses projets, il faut admettre qu’un général aussi expérimenté aurait pris, pour commencer une guerre civile, la plus simple des mesures suggérées par la prudence : au lieu de se séparer de son armée, il l’aurait retenue auprès de lui, ou du moins rapprochée de l’Italie et échelonnée de manière à pouvoir la rassembler promptement ; il aurait conservé, sur le butin immense retiré de la Gaule, des sommes suffisantes pour subvenir aux frais de la guerre. César, au contraire, comme nous le verrons plus tard, renvoie d’abord à Pompée, sans hésitation, deux légions qui lui sont demandées sous le prétexte de l’expédition contre les Parthes. Il s’engage à licen-

  1. Discours sur les provinces consulaires, xii.