Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/221

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clients, viennent attaquer le camp. Les Romains courent aux armes et montent sur le vallum ; mais ce jour-là ils tiennent tête difficilement à un ennemi qui, plaçant tout son espoir dans la promptitude d’une attaque imprévue, est convaincu qu’après cette victoire rien ne pourra plus lui résister[1].


César marche au secours de Cicéron.

XIV. César se trouvait encore à Amiens, ignorant les évènements qui venaient de se passer. Cicéron lui écrivit aussitôt, et promit de grandes récompenses à ceux qui parviendraient à lui remettre ses lettres ; mais tous les chemins étaient gardés, et personne ne put arriver. La nuit on éleva, avec une célérité incroyable, cent vingt tours au moyen du bois déjà apporté pour fortifier le camp[2], et on compléta les ouvrages. Le lendemain, les ennemis, dont les forces s’étaient accrues, revinrent à l’attaque et se mirent à combler le fossé. La résistance fut aussi vive que la veille et continua les jours suivants ; chez ces héroïques soldats la constance et l’énergie semblaient grandir avec le péril. Chaque nuit on prépare tout ce qui est nécessaire pour la défense du lendemain. On façonne en grand nombre des pieux durcis au feu et des pilums employés dans les sièges ; on établit avec des planches les étages des tours, et, au moyen de claies, des parapets et des créneaux. On travaille sans relâche ; les blessés, les malades ne prennent aucun repos. Cicéron lui-même, d’une faible santé, est jour et nuit à l’œuvre, malgré les instances de ses soldats, qui le supplient de se ménager.

Cependant les chefs et les principes des Nerviens proposèrent une entrevue à Cicéron. Ils lui répétèrent ce qu’Am-

  1. Guerre des Gaules, V, xxxix.
  2. Les tours des Romains étaient construites avec des bois de faible échantillon, reliés entre eux par des traverses. (Voir planche 27, fig. 8.) C’est encore ainsi qu’à Rome aujourd’hui on élève les échafaudages.