Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/222

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biorix avait dit à Sabinus : « Toute la Gaule est insurgée ; les Germains ont passé le Rhin ; les quartiers de César et de ses lieutenants sont attaqués. » Ils ajoutèrent : « Sabinus et ses cohortes ont péri ; la présence d’Ambiorix est une preuve de leur véracité ; Cicéron se tromperait en comptant sur le secours des autres légions. Quant à eux, ils n’ont aucune intention hostile, pourvu que les Romains ne se fassent pas une habitude d’occuper leur pays. La légion est libre de se retirer sans crainte où elle voudra. Cicéron répondit qu’il n’était pas dans la coutume du peuple romain d’accepter des conditions d’un ennemi en armes, mais que, s’ils consentaient à les déposer, il leur servirait d’intermédiaire auprès de César, qui déciderait. »

Déçus dans leur espoir d’intimider Cicéron, les Nerviens entourèrent le camp d’un rempart de neuf pieds de haut et d’un fossé large de quinze. Ils avaient observé les ouvrages romains dans les campagnes précédentes, et appris de quelques prisonniers à les imiter. Mais, comme ils manquaient des instruments de fer nécessaires, ils furent obligés de couper le gazon avec leurs épées, de prendre la terre avec leurs mains et de la porter dans leurs saies. On peut juger de leur grand nombre par ce fait, qu’en moins de trois heures ils achevèrent un retranchement de quinze mille pieds de circuit[1]. Les jours suivants, ils élevèrent des tours à la hauteur du vallum, préparèrent des gaffes (falces) et des galeries couvertes (testudines), ce que les prisonniers leur avaient également enseigné[2].

  1. Quoique le texte porte passuum, nous n’avons pas hésité à mettre pedum, parce qu’il est peu croyable que les Gaulois eussent fait, en trois heures de temps, une contrevallation de plus de 22 kilomètres.
  2. La machine de siège nommée testudo « tortue » était ordinairement une galerie montée sur roues, faite en bois de fort équarrissage et couverte d’un solide blindage. On la poussait contre le mur de la place assiégée. Elle protégeait les travailleurs chargés soit de combler le fossé, soit de miner la muraille, soit de faire mouvoir le bélier. Les travaux de siège des Gaulois doivent faire