Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/231

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par là maintint la tranquillité d’une grande partie de la Gaule. Cependant un événement fâcheux se produisit chez les Sénonais, nation puissante et considérée, parmi les Gaulois. Ils avaient résolu, dans une assemblée, la mort de Cavarinus, que César leur avait donné pour roi. Cavarinus s’était enfui ; ils prononcèrent sa déchéance, le bannirent et le poursuivirent jusqu’aux limites de leur territoire. Ils avaient cherché à se justifier auprès de César, qui leur intima l’ordre de lui envoyer tous leurs sénateurs. Ils refusèrent. Cette hardiesse des Sénonais, en montrant aux barbares quelques individus capables de tenir tête aux Romains, produisit un tel changement dans les esprits, qu’à l’exception des Éduens et des Rèmes, il n’y eut pas un peuple qui ne devint suspect de défection, chacun désirant s’affranchir de la domination étrangère.

Durant tout l’hiver, les Trévires et Indutiomare ne cessèrent d’exciter les peuples au delà du Rhin à prendre les armes, assurant que la plus grande partie de l’armée romaine avait été détruite. Mais aucune des nations germaines ne se laissa persuader de passer le Rhin. Le souvenir de la double défaite d’Arioviste et des Tenctères les avertissait de ne plus tenter la fortune. Déçu dans son espoir, Indutiomare ne laissa pas de rassembler des troupes, de les exercer, d’acheter des chevaux dans les pays voisins, d’attirer à lui, de toutes les parties de la Gaule, les bannis et les condamnés. Bientôt son ascendant fut tel, que de toute part on s’empressa de solliciter son amitié et sa protection.

Lorsqu’il vit les uns se rallier à lui spontanément, les autres, tels que les Sénonais et les Carnutes, s’engager dans sa cause par la conscience de leur faute, les Nerviens et les Aduatuques se préparer à la guerre, et une foule de volontaires disposés à le rejoindre dès qu’il aurait quitté son pays, Indutiomare, selon l’usage des Gaulois au commencement