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Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/230

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mare, qui avait résolu d’attaquer le lendemain le camp de Labienus, se retira pendant la nuit et emmena toutes ses troupes.

Ces événements accomplis, César distribua de la manière suivante les sept légions qui lui restaient : il renvoya Fabius dans ses quartiers d’hiver avec sa légion chez les Morins, s’établit lui-même aux environs d’Amiens avec trois légions, qu’il répartit en trois quartiers : c’étaient la légion de Crassus, qui n’avait pas bougé, celle de Cicéron et celle de Trebonius. On voit encore, le long de la Somme, aux environs d’Amiens, trois camps peu distants entre eux, qui paraissent avoir été ceux de cette époque[1]. Labienus, Plancus et Roscius continuèrent à occuper les mêmes positions. La gravité des circonstances détermina César à rester tout l’hiver à l’armée. En effet, sur le bruit de la catastrophe de Sabinus, presque tous les peuples de la Gaule se disposaient à prendre les armes, s’envoyaient des députations et des messages, se communiquaient leurs projets, délibéraient entre eux pour savoir de quel point partirait le signal de la guerre. Ils tenaient des assemblées nocturnes dans les lieux écartés, et de tout l’hiver il ne se passa pas un jour sans qu’une réunion ou un mouvement des Gaulois ne donnât de l’inquiétude à César. Ainsi il apprit de L. Roscius, lieutenant placé à la tête de la 13e légion, que des troupes considérables de l’Armorique s’étaient assemblées pour l’attaquer : elles n’étaient plus qu’à huit milles de ses quartiers, lorsque la nouvelle de la victoire de César les avait obligées à se retirer précipitamment et en désordre.

Le général romain appela près de lui les principes de chaque État, effraya les uns en leur signifiant qu’il était instruit de leurs menées, exhorta les autres au devoir, et

  1. L’un est sur l’emplacement de la citadelle d’Amiens ; le second est près de Tirancourt ; le troisième est le camp de l’Étoile. (Voir Dissertation sur les camps romains de la Somme, par le comte L. d’Allonville.)