Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/246

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Les Éburons n’avaient nulle troupe réglée, nulle garnison, nul oppidum. C’était une multitude éparse, toujours en embuscade, attaquant les soldats isolés, obligeant les Romains à une guerre fatigante, sans résultat décisif ; car la nature du pays, couvert de forêts épaisses et entrecoupé de marais, protégeait les barbares, qu’il n’était possible d’atteindre qu’avec de petits détachements. Au milieu de ces difficultés, César préféra faire moins de mal à l’ennemi et ménager la vie de ses soldats, en recourant aux Gaulois. Il invita donc par des messages les peuples voisins à venir ravager le pays des Éburons, et l’aider à exterminer une race coupable d’avoir égorgé ses soldats. À son appel, des hordes nombreuses accoururent de tous côtés, et bientôt le territoire entier des Éburons fut livré au pillage[1].


Les Sicambres attaquent Aduatuca.

VII. Cependant approchait le septième jour fixé pour le retour de César. Le hasard, si fréquent à la guerre, amena un incident remarquable. Les ennemis, dispersés et frappés d’épouvante, ne pouvaient inspirer la moindre crainte. Mais le bruit s’étant répandu au delà du Rhin, chez les Germains, que tous les peuples étaient conviés à ravager le pays des Éburons, les Sicambres, voisins du fleuve, qui avaient, comme on l’a vu, recueilli les Usipètes et les Tenctères après leur défaite, rassemblent deux mille cavaliers ; ils passent le Rhin sur des radeaux et des barques, à trente milles au-dessous de l’endroit où César avait jeté son pont et laissé une garde (à 45 kil. en aval de Bonn)[2]. Ils envahissent le territoire des Éburons, ramassent une foule de fuyards et s’emparent d’un grand nombre de bestiaux. L’appât du butin les entraîne de plus en plus loin : nourris au sein de la guerre et du brigandage, rien ne les arrête, ni les marais,

  1. Guerre des Gaules, VI, xxxiv.
  2. Quarante-cinq kilomètres, comptés à partir de Bonn en aval, mènent au confluent de la Wipper et du Rhin.