Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/249

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enseignes, croient d’abord au retour des légions et cessent l’attaque ; mais bientôt, pleins de mépris pour une poignée d’hommes, ils fondent sur eux de toutes parts.

Les valets se réfugient sur un tertre voisin, celui où s’élève aujourd’hui le village de Berg. Chassés de ce poste, ils se rejettent au milieu des enseignes et des manipules, et augmentent la frayeur d’hommes déjà intimidés. Parmi les soldats, les uns proposent de se former en coin, afin de s’ouvrir un chemin jusqu’au camp, qu’ils voient si près d’eux : la perte d’un petit nombre sera le salut de tous. D’autres conseillent de tenir ferme sur les hauteurs et de courir ensemble la même chance. Ce dernier avis n’est pas celui des vieux soldats, réunis sous la même enseigne. Conduits par C. Trebonius, chevalier romain, ils se font jour à travers l’ennemi et rentrent au camp sans perdre un seul homme. Protégés par ce mouvement audacieux, les valets et les cavaliers pénètrent à leur suite. Quant aux jeunes soldats qui s’étaient placés sur les hauteurs, ils ne surent ni persister dans la résolution de profiter de leur position dominante pour se défendre, ni imiter l’heureuse énergie des vétérans ; ils s’engagèrent sur un terrain désavantageux en cherchant à regagner le camp, et leur perte eût été certaine sans le dévouement des centurions. Quelques-uns avaient été des derniers rangs de l’armée promus à ce grade pour leur courage, ils intimidèrent un moment l’ennemi en se faisant tuer pour justifier leur renommée ; cet acte héroïque permit, contre tout espoir, à trois cohortes de rentrer dans le camp ; les deux autres périrent.

Pendant ces combats, les défenseurs du camp s’étaient remis de leur premier trouble. En les voyant établis sur le rempart, les Germains désespérèrent de forcer les retranchements ; ils se retirèrent et repassèrent le Rhin avec leur butin. L’effroi qu’ils avaient répandu était tel, que même après leur retraite, lorsque la nuit suivante C. Volusenus