Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/250

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arriva à Aduatuca avec la cavalerie qui précédait les légions, on ne pouvait encore croire au retour de César et au salut de l’armée. Les esprits étaient frappés au point qu’on supposait la cavalerie seule échappée au désastre ; car, disait-on, les Germains n’auraient jamais attaqué le camp si les légions n’avaient pas été défaites. L’arrivée de César parvint seule à dissiper toutes les craintes.

Accoutumé aux chances diverses de la guerre et à des événements qu’il faut supporter sans se plaindre, il ne fit entendre aucun reproche[1] ; il se borna à rappeler qu’on n’aurait pas dû courir le moindre hasard en laissant, sortir les troupes ; que d’ailleurs, si l’on pouvait s’en prendre à la fortune de l’irruption subite des ennemis, on devait, d’un autre côté, se féliciter de les avoir repoussés des portes mêmes du camp. Il s’étonnait cependant que les Germains, ayant passé le Rhin dans le dessein de ravager le territoire des Éburons, eussent, par le fait, rendu le service le plus signalé à Ambiorix en venant attaquer les Romains.

César, pour achever d’accabler les Éburons, se remit en marche, rassembla un grand nombre de pillards des États voisins, et les envoya dans des directions différentes à la poursuite de l’ennemi pour tout saccager et incendier. Les villages, les habitations devinrent sans exception la proie des flammes. La cavalerie parcourait le pays en tout sens dans le but d’atteindre Ambiorix ; l’espoir de le saisir et de gagner par là les bonnes grâces du général faisait supporter des fatigues infinies presque au-dessus des forces humaines. À chaque instant on croyait pouvoir s’emparer du fugitif, et sans cesse d’épaisses forêts ou de profondes retraites le dérobaient aux recherches. Enfin, protégé par la nuit, il gagna d’autres régions, escorté de quatre cavaliers, les

  1. César se plaignit de la conduite de Quintus, en écrivant à Cicéron l’orateur : « Il ne s’est pas tenu dans le camp, comme c’eut été le devoir d’un général prudent et scrupuleux. » (Charisius, p. 101.)