Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/262

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passer le fleuve. Averti par ses éclaireurs, César mit le feu aux portes, introduisit les légions tenues en réserve et s’empara de la place. Les fuyards, pressés aux issues de la ville et à l’entrée du pont, trop étroites, tombèrent presque tous au pouvoir des Romains. Genabum fut pillé et

    des Bituriges. Cela est vrai s’il a passé par Gien, et faux s’il a passé par Orléans, puisque, en face d’Orléans, la rive gauche appartenait au territoire des Carnutes. On prétend, il est vrai, que Gien appartenait à l’ancien diocèse d’Auxerre, et que, par conséquent, il se trouvait chez les Sénonais, et non chez les Carnutes. Les limites des anciens diocèses ne sauraient indiquer d’une manière absolue les frontières des peuples de la Gaule, et on ne peut admettre que le territoire des Sénonais formât un angle aigu sur le territoire des Carnutes, au sommet duquel se serait trouvé Gien. De plus, quelques changements qu’il ait éprouvés dans les temps féodaux, sous le rapport de l’attribution diocésaine, Gien n’a pas cessé de faire partie de l’Orléanais, dans ses relations civiles et politiques. En 561 Gien est compris dans le royaume d’Orléans et de Bourgogne.

    Nous croyons donc que Genabum était non pas le vieux Gien, qui, malgré son épithète, peut être postérieur à César, mais le Gien actuel. Cette petite ville, par sa position au bord de la Loire, renfermant une colline très-appropriée à l’emplacement d’un ancien oppidum, possède des ruines assez intéressantes, et convient beaucoup mieux que le vieux Gien à l’oppidum des Carnutes. Sans ajouter une trop grande foi aux traditions et aux étymologies, il faut pourtant signaler, à Gien, une porte qui s’appelle, depuis un temps immémorial, la porte de César ; une rue, appelée à la Genabye, qui conduit non vers Orléans, mais à la partie haute de la ville ; une pièce de terre, située au nord de Gien, à l’angle formé par la route de Montargis et la voie romaine, à un kilomètre environ, qui conserve encore le nom de Pièce du camp. C’est peut-être là que César s’est établi, en face de la partie la plus attaquable de la ville.

    La principale raison qui a fait adopter Orléans pour Genabum, c’est que l’Itinéraire d’Antonin indique cette ville sous le nom de Cenabum ou Cenabo, et que ce nom se retrouve dans des inscriptions récemment découvertes. Il est à croire que les habitants de Gien, après avoir échappé à la destruction de leur ville, ont descendu le fleuve et formé, à l’endroit où s’élève actuellement Orléans, un nouvel établissement rappelant le nom de la première cité ; c’est ainsi que les habitants de Bibracte se transportèrent à Autun et ceux de Gergovia à Clermont.

    Indépendamment des considérations ci-dessus, Orléans, par sa position sur une pente uniformément inclinée vers la Loire, ne satisfait guère aux conditions d’un oppidum gaulois. En admettant Orléans pour Genabum, il devient