Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/272

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pointus durcis au feu (apertos cuniculos præusta ac præacuta materia… morabantur)[1], et en jetant de la poix fondue et des blocs de pierre.

Voici comment les Gaulois construisaient leurs murailles : des poutres étaient posées horizontalement sur le sol dans une direction perpendiculaire au tracé de l’enceinte[2], à deux pieds d’intervalle l’une de l’autre ; elles étaient reliées, du côté de la ville, par des traverses ayant habituellement quarante pieds de long, fortement fixées au sol, le tout recouvert de beaucoup de terre, excepté sur la partie extérieure, où les intervalles étaient garnis de gros quartiers de rochers, qui formaient un revêtement. Cette première couche bien établie et bien compacte, on la surmontait d’une seconde absolument pareille, en ayant soin que les poutres ne fussent pas exactement au-dessus les unes des autres, mais correspondissent aux intervalles garnis de pierres, dans lesquelles elles étaient comme enchâssées. On continuait ainsi l’ouvrage jusqu’à ce que le mur eût atteint la hauteur voulue. Ces couches successives, où les poutres et les pierres alternaient régulièrement, offraient, par leur variété même, un aspect assez agréable à l’œil. Cette construction avait de grands avantages pour la défense des places : la pierre la préservait du feu, et le bois, du

  1. Tite-Live s’exprime ainsi en parlant des assiégés d’Ambracie qui creusaient une mine à l’encontre de celle des ennemis : « Aperiunt viam rectam in cuniculum » (XXXVII, vii.)
  2. Plusieurs auteurs ont pensé que ces poutres, au lieu d’être disposées perpendiculairement à la direction de la muraille, étaient placées parallèlement à cette direction. Cette interprétation nous paraît inadmissible : les poutres ainsi placées n’auraient eu aucune solidité, et auraient pu être facilement arrachées. On voit sur la colonne Trajane des murs construits ainsi que nous l’indiquons ; d’ailleurs l’expression latine trabes directæ ne peut laisser aucun doute, car le mot directus signifie toujours perpendiculaire à une direction. (Voir Guerre des Gaules, IV, xvii, directa materia injecta, et la dissertation du Philologus, 19ten Jahrganges, 3tes Heft.)