Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/273

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bélier ; maintenues par les traverses, les poutres ne pouvaient être ni arrachées ni enfoncées. (Voir planche 20.)

Malgré l’opiniâtreté de la défense, malgré le froid et les pluies continuelles, les soldats romains surmontèrent tous les obstacles, et élevèrent en vingt-cinq jours une terrasse de 330 pieds de large sur 80 de haut. Elle touchait déjà presque au mur de la ville, lorsque, vers la troisième veille (minuit), on en vit sortir des tourbillons de fumée. C’était au moment où César, selon sa coutume, inspectait les ouvrages, encourageait les soldats au travail ; les Gaulois avaient mis le feu à la terrasse par une galerie de mine. Au même instant des cris s’élevèrent de tout le rempart, et les assiégés, s’élançant par deux portes, firent une sortie sur les deux côtés où étaient les tours ; du haut des murailles les uns jetaient sur la terrasse du bois sec et des torches, les autres de la poix et diverses matières inflammables ; on ne savait où se porter ni où diriger les secours. Mais, comme deux légions veillaient ordinairement sous les armes en avant du camp, tandis que les autres se relevaient alternativement pour le travail, on put assez promptement faire face à l’ennemi ; pendant ce temps, les uns ramenèrent les tours en arrière, les autres coupèrent la terrasse pour intercepter le feu, enfin toute l’armée accourut pour éteindre l’incendie.

Le jour commençait et l’on combattait encore sur tous les points ; les assiégés avaient d’autant plus l’espoir de vaincre, que les mantelets protégeant les approches des tours étaient brûlés (deustos pluteos turrium)[1], et qu’ainsi les Romains, forcés de marcher à découvert, pouvaient difficilement

  1. On donnait en général le nom de pluteus à toute espèce de blindage en claie ou en peau (Festus, au mot Pluteus, p. 231. — Vitruve, X, xx.) — Végèce (IV, xv) applique le nom de pluteus à une sorte de mantelet en clayonnage ou en peau, monté sur trois roues et protégeant les hommes postés derrière, afin de pouvoir tirer sur les défenseurs.