Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/275

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Les ennemis, épouvantés de cette attaque imprévue et précipités du haut des murs et des tours, se réfugièrent sur les places publiques, se formèrent en coins, afin de présenter une résistance de tous côtés ; mais, lorsqu’ils virent que les Romains se gardaient bien de descendre dans la ville, et en faisaient le tour sur les remparts, ils craignirent d’être enfermés, jetèrent leurs armes et s’enfuirent vers l’autre extrémité de l’oppidum (où sont aujourd’hui les faubourgs Taillegrain et Saint-Privé). (Voir planche 20.) La plupart furent tués près des portes, dont ils encombraient l’étroite issue, les autres hors de la ville par la cavalerie. Nul parmi les soldats romains ne songeait au pillage. Irrités par le souvenir du massacre de Genabum et par les fatigues du siège, ils n’épargnèrent ni vieillards, ni femmes, ni enfants. Sur environ quarante mille combattants, à peine huit cents fuyards purent rejoindre Vercingetorix. Celui-ci, dans la crainte que leur présence, s’ils arrivaient en masse, n’excitât une sédition, avait envoyé au loin, vers le milieu de la nuit, à leur rencontre, des hommes dévoués et les principaux chefs, pour les répartir par fractions dans le campement affecté à chaque peuplade.

Le jour suivant Vercingetorix chercha, dans une assemblée générale, à ranimer le courage de ses compatriotes en attribuant le succès des Romains à leur supériorité dans l’art des sièges, inconnu aux Gaulois. Il leur dit que ce revers ne devait pas les abattre ; que son avis, ils le savaient bien, n’avait jamais été de défendre Avaricum ; qu’une éclatante revanche les consolerait bientôt ; que, par ses soins, les pays séparés de la cause commune allaient entrer dans son alliance, animer la Gaule d’une même pensée, et cimenter une union capable de résister au monde entier. Puis cet intrépide défenseur de l’indépendance nationale montre son génie en profitant même d’une circonstance malheureuse pour assujettir ses troupes indisciplinées aux rudes travaux