Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/278

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des vivres. Il partagea ensuite son armée en deux corps. Labienus, détaché avec deux légions et une partie de la cavalerie, eut ordre de prendre à Sens les deux autres légions qui y avaient été laissées et de marcher, à la tête de ces quatre légions, contre les Parisiens, que Vercingetorix avait entraînés dans la révolte.

De son côté César résolut d’envahir, avec les six autres légions et le reste de la cavalerie, le pays même des Arvernes, foyer de l’insurrection. Il partit de Decetia et se dirigea sur Gergovia, principal oppidum de ce peuple.

Après la prise d’Avaricum, Vercingetorix, se doutant des projets ultérieurs de César, s’était rapproché de l’Allier, que les Romains étaient obligés de traverser pour parvenir à Gergovia, et, à la nouvelle de leur marche, il avait fait rompre tous les ponts.

César, arrivé sur l’Allier, vers Moulins (Voir planche 19), en descendit le cours par la rive droite. Vercingetorix s’achemina sur la rive opposée. Les deux armées étaient en vue, les camps presque en face l’un de l’autre, et les éclaireurs gaulois, surveillant la rive gauche, empêchaient les Romains d’établir un pont. La position de ces derniers était difficile, car l’Allier, guéable seulement en automne, pouvait retarder longtemps leur passage[1]. Pour surmonter cet obstacle, César eut recours à un stratagème : il alla camper dans un lieu couvert de bois, vis-à-vis les restes d’un des ponts que Vercingetorix avait fait détruire (probablement à Varennes). Il y demeura caché le lendemain avec deux légions, et fit partir le surplus des troupes, ainsi que les bagages, dans l’ordre accoutumé. Mais, pour présenter à l’ennemi l’apparence de six légions, il avait divisé en six corps les quarante cohortes ou quatre légions envoyées en

  1. Aujourd’hui l’Allier est guéable presque partout en été ; mais depuis dix-neuf siècles le lit de la rivière a dû sensiblement s’exhausser.