Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/279

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avant[1]. Elles reçurent l’ordre de marcher aussi longtemps que possible, afin d’attirer Vercingetorix, et, à l’heure où César présuma qu’elles étaient arrivées à leur campement, il fit rétablir le pont sur les anciens pilots, dont la partie inférieure était encore intacte. L’ouvrage bientôt terminé, les deux légions restées avec lui passèrent la rivière, et, après avoir choisi une position favorable, il rappela le gros de son armée, qui le rejoignit pendant la nuit[2]. Informé de cette manœuvre, Vercingetorix, craignant d’être amené à combattre malgré lui, prit les devants en toute hâte pour occuper l’oppidum des Arvernes.

De l’endroit où il se trouvait, et que nous pensons être Varennes[3], César parvint à Gergovia en cinq étapes ; le

  1. Les commentateurs ne sont pas d’accord sur ce passage. J’ai adopté la version qui m’a paru la meilleure, et qu’ont suivie dans leur traduction allemande MM. Köchly et Rustow. Stuttgart, 1862.
  2. Dion-Cassius, XL, xxxv.
  3. César, en partant de Decize, suivit sans doute la route gauloise qui conduisait à l’Allier, et dont on peut supposer l’existence par la construction postérieure de la voie romaine allant de Decize à Bourbon-l’Archambault (Aquæ Borvonis), et qui traversait l’Allier un peu au-dessous de Moulins. À partir de là il côtoya la rivière pendant quelques jours, sans cesse à hauteur de l’ennemi. Pour la passer à l’aide d’un stratagème, il profita des restes d’un pont, et, comme ce pont indique le tracé d’une route, il s’agit de trouver parmi les voies anciennes qui traversaient l’Allier celle que suivit César. Or nous ne connaissons que deux voies romaines aboutissant à l’Allier au-dessus de Moulins, l’une à Varennes, l’autre à Vichy. Vous nous prononçons pour Varennes. Cette localité est à 77 kilomètres de Gergovia, comptés le long de l’Allier, et César mit cinq jours à les parcourir ; mais comme les quatre légions envoyées en avant afin de tromper l’ennemi revinrent, pendant la nuit, pour le rejoindre, elles durent éprouver de grandes fatigues ; dès lors il est à présumer que le lendemain la première étape fut très-courte. La cinquième également ne fut pas longue, puisque, selon les Commentaires, César eut le temps, le jour de l’arrivée, de fortifier son camp, de reconnaître la place et d’engager un combat de cavalerie. Le pays, d’ailleurs, parsemé de bois et de marais, lui était inconnu, et nous croyons ne pas nous écarter de la vérité en admettant que la première et la dernière étape n’ont été que de 10 kilomètres et les trois autres de 19, ce qui forme le chiffre total de 77 kilomètres, distance de Varennes à Gergovia. Quand César quitta