Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/290

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ment le mur, le franchissent, s’emparent de trois camps avec une telle promptitude, que Teutomatus, roi des Nitiobriges, surpris dans sa tente, où il reposait au milieu du jour, s’enfuit à moitié nu ; il eut son cheval blessé, et n’échappa qu’avec peine aux mains des assaillants.

César, satisfait de ce succès, ordonna de sonner la retraite, et fit faire halte à la 10e légion, qui l’accompagnait (d’après l’examen du terrain, l’endroit où se trouvait César est le mamelon qui s’élève à l’ouest du village de Merdogne). (Voir planche 21, 1re position de la 10e légion.) Mais les soldats des autres légions, séparés de lui par un assez grand ravin, n’entendirent pas la trompette. Quoique les tribuns et les lieutenants s’efforçassent de les retenir, entraînés par l’espoir d’une facile victoire et par le souvenir de leurs succès passés, ils ne crurent rien d’insurmontable à leur courage et s’opiniâtrèrent à la poursuite de l’ennemi jusqu’aux murs et aux portes de l’oppidum.

Alors une immense clameur s’élève dans la ville. Les habitants des quartiers les plus reculés la croient envahie et se précipitent hors de l’enceinte. Les mères de famille jettent aux Romains, du haut du rempart, leurs objets précieux, et, le sein nu, les mains tendues et suppliantes, les conjurent de ne pas massacrer les femmes et les enfants, comme à Avaricum. Plusieurs même, se laissant glisser le long du mur, se rendent aux soldats. L. Fabius, centurion de la 8e légion, excité par les récompenses d’Avaricum, avait juré de monter le premier à l’assaut ; il se fait soulever par trois soldats de son manipule, atteint le haut de la muraille, et, à son tour, les aide à y parvenir l’un après l’autre.

Cependant les Gaulois qui, on l’a vu, s’étaient portés à l’ouest de Gergovia pour élever des retranchements, entendent les cris partis de la ville ; des messages répétés leur annoncent la prise de l’oppidum. Aussitôt ils accourent en se faisant précéder de leur cavalerie. À mesure qu’il arrive,