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Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/296

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feu ; ensuite ils rassemblent des troupes dans les environs, placent des postes le long de la Loire, répandent partout leur cavalerie pour intimider les Romains, leur couper les vivres, les obliger, par la disette, à se retirer dans la Narbonnaise, espoir qui semble d’autant mieux fondé que la Loire, grossie par la fonte des neiges, ne paraissait guéable en aucun endroit.

César fut informé de ces événements pendant sa marche de l’Allier vers la Loire. Jamais sa situation n’avait été plus critique. Sous le coup d’un grave échec, séparé de Labienus par une distance de plus de quatre-vingts lieues et par des pays révoltés, il était entouré de tous côtés par l’insurrection : il avait sur ses derrières les Arvernes, exaltés par le récent succès de Gergovia ; sur sa gauche, les Bituriges, irrités du sac d’Avaricum ; devant lui, les Éduens prêts à lui disputer le passage de la Loire. Devait-il persévérer dans son projet ou rétrograder vers la Province ? Il ne pouvait se résoudre à ce dernier parti, car non-seulement cette retraite eût été honteuse et le passage des Cévennes plein de difficultés, mais il éprouvait surtout la plus vive anxiété pour Labienus et les légions qu’il lui avait confiées. Il persévéra donc dans ses premières résolutions ; et, afin de pouvoir au besoin construire un pont sur la Loire avant que les forces ennemies se fussent accrues, il se dirigea vers ce fleuve à marches forcées de jour et de nuit, et arriva à l’improviste à Bourbon-Lancy[1]. Bientôt des cavaliers découvrirent un gué que la nécessité fit regarder comme praticable, quoique le soldat n’eût hors de l’eau que les épaules et les bras pour porter ses armes. La cavalerie fut placée en amont afin de rompre le courant, et l’armée passa sans encombre avant que l’ennemi fût revenu de sa première surprise. César trouva le pays couvert de moissons et de troupeaux, qui

  1. De tout temps il a existé un gué à Bourbon-Lancy.