Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/300

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leuse, il crut devoir changer ses plans : il renonça à tout mouvement offensif et résolut de revenir à son point de départ par un coup d’audace. Craignant, s’il reprenait le chemin qu’il avait d’abord suivi, de ne pouvoir plus franchir la Seine à Melun, parce que ses bateaux n’auraient remonté ce fleuve qu’avec peine, il se décida à surprendre le passage de la Seine en aval de Paris et à retourner à Sens par la rive gauche, en marchant sur le corps de l’armée gauloise. Vers le soir il convoqua un conseil et recommanda à ses officiers l’exécution ponctuelle de ses instructions. Il confia les bateaux qu’il avait amenés de Melun aux chevaliers romains, avec ordre de descendre la rivière à la fin de la première veille (dix heures), de s’avancer en silence l’espace de 4 milles (6 kil.), ce qui conduisait à la hauteur du village du Point-du-Jour, et de l’attendre. Les cinq cohortes les moins aguerries furent laissées à la garde du camp, et les cinq autres de la même légion reçurent l’ordre de remonter le fleuve sur la rive droite au milieu de la nuit, avec tous les bagages, et d’attirer par le tumulte l’attention de l’ennemi. Des barques furent envoyées dans cette direction, ramant avec grand bruit. Lui-même, peu d’instants après, partit en silence avec les trois légions restantes, et se rendit en aval du fleuve, au lieu où l’attendaient les premiers bateaux.

Lorsqu’il y fut arrivé, un violent orage lui permit d’enlever à l’improviste les postes gaulois placés sur toute la rive. Les légions et la cavalerie eurent bientôt passé la Seine avec le concours des chevaliers. Le jour commençait lorsque l’ennemi apprit presque simultanément qu’une agitation inaccoutumée régnait dans le camp romain, qu’une colonne considérable remontait le fleuve, et que du même côté se faisait entendre un grand bruit de rames ; enfin, que plus loin, en aval, les troupes franchissaient la Seine dans des bateaux. Ces nouvelles firent penser aux Gaulois que les