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Jonction de César et de Labienus. Bataille de la Vingeanne.

XI. La marche que suivit César après avoir franchi la Loire a été l’objet de nombreuses controverses. Cependant les Commentaires nous paraissent fournir de suffisantes données pour la déterminer avec précision. En abandonnant Gergovia, il avait pour but, comme il le dit lui-même, d’opérer sa jonction avec Labienus ; à cet effet, il se dirigea vers le pays des Sénonais après avoir passé la Loire à Bourbon-Lancy. De son côté, Labienus, revenu à Sens, s’étant porté à sa rencontre, leur jonction a dû nécessairement s’opérer sur un point de la ligne de Bourbon-Lancy à Sens ; ce point est, selon nous, Joigny. (Voir planche 19.) Campé non loin du confluent de l’Armançon et de l’Yonne, César pouvait facilement y recevoir le contingent qu’il attendait de Germanie.

L’armée romaine se composait de onze légions : la 1re, prêtée par Pompée, et les 6e, 7e, 8e, 9e, 10e, 11e, 12e, 13e, 14e, 15e[1]. L’effectif de chacune d’elles devait varier de 4 à

  1. Récapitulons ici les numéros des légions employées pendant la guerre de la Gaule. L’armée de César, ainsi qu’on l’a vu, se composait en 696 de six légions, les 7e, 8e, 9e, 10e, 11e et 12e. En 697, deux nouvelles légions furent levées en Italie, la 13e et la 14e. Probablement dans l’hiver de 699 à 700, César fit venir plusieurs cohortes composées de soldats et de matelots, qui devaient servir sur la flotte, car, au retour de sa seconde expédition en Angleterre, malgré les pertes subies, il se trouvait à la tête de huit légions, plus cinq cohortes (liv. V, xxiv). Il perdit à Aduatuca une légion et demie, c’est-à-dire la 14e légion, plus cinq cohortes ; mais en 701 trois nouvelles légions remplacèrent les cohortes perdues, dont elles doublaient même le nombre. Ces légions étaient la 1re, qui fut prêtée par Pompée (Guerre des Gaules, VIII, liv, et Lucain, Pharsale, VII, vers 218), la 14e, qui vint prendre le numéro de la légion détruite à Aduatuca (Guerre des Gaules, VI, xxxii ; VIII, iv), et la 15e ; cette dernière légion fut donnée plus tard à Pompée avec la 1re, pour la guerre des Parthes ; elle figura dans la guerre civile et prit dans l’armée de Pompée le numéro 3 (César, Guerre civile, III, lxxxviii).

    La 6e légion, à cause de son numéro, devait être une des plus anciennes, puisque Dion-Cassius (XXXVIII, xlviii) nous apprend que les légions étaient désignées suivant leur rang d’inscription sur les rôles de l’armée ; mais, comme elle ne paraît pour la première fois qu’en 702, il est probable qu’elle était