Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/318

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Les Bellovaques refusèrent leur contingent, déclarant vouloir faire la guerre en leur nom, à leur gré, sans se soumettre aux ordres de personne. Cependant, à la prière de Commius, leur hôte, ils envoyèrent 2 000 hommes.

Ce même Commius, on l’a vu, avait, les années précédentes, rendu à César, en Bretagne, de signalés services. En récompense, son pays, celui des Atrébates, affranchi de tout tribut, avait recouvré ses privilèges, et obtenu la suprématie sur les Morins. Mais tel était alors l’entraînement des Gaulois pour reconquérir leur liberté et leur ancienne gloire, que les sentiments de reconnaissance et d’amitié s’effacèrent de leur souvenir, et tous se vouèrent corps et âme à la guerre.

Le recensement et la revue des troupes eurent lieu sur le territoire des Éduens. On nomma les chefs : le commandement général fut donné à l’Atrébate Commius, aux Éduens Viridomare et Eporedorix, et à l’Arverne Vercassivellaunus, cousin de Vercingetorix. On leur adjoignit des délégués de chaque pays, qui formaient un conseil de direction pour la guerre. Ils se mirent en marche vers Alesia pleins d’ardeur et de confiance : chacun était convaincu que les Romains reculeraient à la seule vue de forces si imposantes ; lorsque surtout ils se trouveraient menacés à la fois et par les sorties des assiégés, et par une armée extérieure puissante en infanterie et en cavalerie.

Cependant le jour où les assiégés attendaient du secours venait d’expirer, les vivres étaient consommés ; ignorant d’ailleurs ce qui se passait chez les Éduens, ils s’assemblèrent pour délibérer sur une résolution suprême. Les opinions se partagèrent : les uns conseillaient de se rendre, d’autres de faire une sortie, avant que la vigueur de tous fût épuisée. Mais Critognatus, Arverne distingué par sa naissance et son crédit, dans un discours d’une singulière et effrayante atrocité, proposa à ses concitoyens de suivre