Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/322

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des Laumes contre la circonvallation. Ce plan arrêté, ils font reconnaître les lieux par leurs éclaireurs, règlent secrètement entre eux les moyens d’exécution, et décident qu’à midi l’attaque aura lieu. Ils choisissent soixante mille hommes parmi les nations les plus renommées pour leur valeur. Vercassivellaunus, l’un des quatre chefs, est mis à leur tête. Ils sortent à la première veille, vers la tombée de la nuit, et se dirigent, par les hauteurs de Grignon et par Fain, vers le mont Réa, y arrivent au point du jour, se cachent dans les plis de terrain, au nord de cette colline, et se reposent de la fatigue de la nuit. À l’heure convenue, Vercassivellaunus descend les pentes et se précipite sur le camp de Reginus et de Rebilus ; au même moment, la cavalerie de l’armée de secours s’approche des retranchements de la plaine, et les autres troupes se portent en avant.

Lorsque, du haut de la citadelle d’Alesia, Vercingetorix aperçut ces mouvements, il quitta la ville emportant les perches, les petites galeries couvertes (musculos), les gaffes (falces)[1], tout ce qui avait été préparé pour une sortie, et se dirigea vers la plaine. Une lutte acharnée s’engage ; partout on tente les plus grands efforts, et les Gaulois se précipitent partout où la défense paraît plus faible. Disséminés sur des lignes étendues, les Romains ne défendent qu’avec peine plusieurs points en même temps, et sont obligés de faire face à deux attaques opposées. Combattant pour ainsi dire dos à dos, chacun est troublé par les cris qui s’élèvent et par la pensée que son salut dépend de ceux qui sont derrière lui ; « il est dans la nature humaine, dit César, d’être frappé plus vivement du danger qu’on ne voit pas[2]. »

  1. Voir ci-dessus, page 128, note.
  2. Ce passage prouve clairement que l’armée de secours attaqua aussi la circonvallation de la plaine. En effet, comment admettre que sur 240 000 hommes il n’y en ait eu que 60 000 d’employés ? Il résulte du récit des Commentaires que, parmi cette multitude de peuplades différentes, les chefs choisirent les