Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/337

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persés dans les campagnes, produisit le résultat qu’il en attendait. Ils furent surpris avant d’avoir pu rentrer dans leurs oppidums, car César avait sévèrement défendu tout ce qui leur aurait donné l’éveil, surtout l’incendie, qui ordinairement trahit la présence inopinée de l’ennemi. On fit plusieurs milliers de captifs ; ceux qui parvinrent à s’échapper cherchèrent en vain un asile chez les nations voisines. César, par des marches forcées, les atteignait sur tous les points, et obligeait chaque peuple à s’occuper de son propre salut plutôt que de celui des autres. Cette activité maintint les populations fidèles, et, par la terreur, engagea les douteuses à subir les conditions de la paix. Ainsi les Bituriges, voyant que César leur offrait un moyen facile de recouvrer sa protection, et que les États limitrophes n’avaient subi d’autre châtiment que de livrer des otages, n’hésitèrent pas à se soumettre.

Les soldats des 11e et 13e légions avaient, pendant l’hiver, supporté avec une rare constance les fatigues de marches très-difficiles, par un froid intolérable. Pour les en récompenser, il promit, à titre de butin, 200 sesterces à chaque soldat, 2 000 à chaque centurion. Il les renvoya ensuite dans leurs quartiers d’hiver, et retourna à Bibracte après une absence de quarante jours. Pendant qu’il y rendait la justice, les Bituriges vinrent implorer son appui contre les attaques des Carnutes. Quoique de retour depuis dix-huit jours seulement, il se remit en marche à la tête de deux légions, la 6e et la 14e, qui avaient été placées sur la Saône pour assurer les approvisionnements.

À son approche, les Carnutes, instruits par le sort des autres peuples, abandonnèrent leurs chétives cabanes, qu’ils avaient élevées sur l’emplacement des bourgs et des oppidums ruinés dans la dernière campagne, et se dispersèrent de tous côtés. César, ne voulant pas exposer ses soldats aux rigueurs de la saison, établit son camp à Genabum (Gien),