Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/340

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montrant que trois légions, seul nombre qu’ils voulussent combattre, il disposa en ligne les 7e, 8e et 9e ; les bagages, peu considérables d’ailleurs, furent placés en arrière sous la protection de la 11e légion, qui fermait la marche. Dans cet ordre, qui formait presque un carré, il arriva à l’improviste en vue des Bellovaques. À l’aspect inattendu des légions qui s’avançaient en bataille et d’un pas assuré, ils perdirent contenance, et, au lieu d’attaquer, ainsi qu’ils se l’étaient promis, se contentèrent de se ranger devant leur camp, sans quitter la hauteur. Une vallée plus profonde que large (magis in altitudinem depressa quam late patente) séparait les deux armées. En présence de cet obstacle et de la supériorité numérique des barbares, César, quoiqu’il eût désiré le combat, renonça de son côté à l’attaque, et plaça son camp en face de celui des Gaulois, dans une forte position (camp de Saint-Pierre-en-Chatre (in Castris), dans la forêt de Compiègne[1]). (Voir planches 29 et 30.) Il le fit entourer d’un rempart de douze pieds d’élévation, surmonté d’ouvrages accessoires appropriés à l’importance du retranchement (loriculamque pro ratione ejus altitudinis[2]), et précédé d’un double fossé de quinze pieds de large, à fond de cuve[3] ; des

  1. On a objecté que le mont Saint-Pierre n’était pas assez grand pour sept légions ; or, comme César n’eut pendant longtemps avec lui que quatre légions, le camp fut approprié à ce nombre. Plus tard, au lieu de se tenir sur la défensive, il voulut, comme à Alesia, investir le camp gaulois ; c’est alors seulement qu’il fit venir trois autres légions. La contenance des différents camps retrouvés est au contraire très-rationnelle et en rapport avec le nombre de troupes mentionné dans les Commentaires. Ainsi le camp de Berry-au-Bac, renfermant huit légions, avait quarante et un hectares de superficie ; celui de Gergovia, pour six légions, avait trente-cinq hectares, et celui du mont Saint-Pierre, pour quatre légions, vingt-quatre hectares.
  2. « Non solum vallo et sudibus, sed etiam turriculis instruunt… quod opus loriculam vocant. » (Végèce, IV, xxviii.)
  3. On voit par les profils des fossés retrouvés qu’ils ne pouvaient pas être à parois verticales ; l’expression d’Hirtius nous fait croire qu’il entendait, par lateribus directis, des fossés non triangulaires, mais à fond de cuve.