Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/353

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très-bas ; mais d’un côté existait une vallée traversée par une rivière (la Tourmente). Comme elle coulait au pied de deux montagnes escarpées, la disposition des lieux ne permettait pas de la détourner et de la conduire dans des fossés plus bas. Il était difficile aux assiégés d’y descendre ; les Romains en rendirent les abords encore plus dangereux. Ils placèrent des postes d’archers, de frondeurs, et amenèrent des machines qui tiraient sur toutes les pentes donnant accès à la rivière. Les assiégés alors n’eurent d’autre moyen, pour se procurer de l’eau, que d’aller puiser à une source abondante qui sortait du rocher au pied de la muraille, à trois cents pas du cours de la Tourmente. (Voir planche 31.) César résolut de tarir cette source ; à cet effet il n’hésita pas à tenter une laborieuse entreprise : en face du point où elle jaillissait, il fit avancer contre la montagne des galeries couvertes, et, sous leur protection, construire une terrasse, travaux accomplis au milieu de luttes continuelles et d’incessantes fatigues. Quoique les assiégés, de leur position élevée, combattissent en toute sûreté et blessassent beaucoup de Romains, ceux-ci ne se laissaient pas décourager, et continuaient leur tâche. En même temps ils creusèrent une galerie souterraine qui, partant des galeries couvertes, devait aboutir à la source. Ce travail, poursuivi à l’abri de tout danger, s’exécutait sans que l’ennemi s’en aperçût ; la terrasse atteignit une hauteur de soixante pieds, et fut surmontée d’une tour à dix étages, qui, sans égaler l’élévation de la muraille, résultat impossible à obtenir, dominait cependant la source. (Voir planche 32.) Ses approches, battues du haut de la tour par des machines, devinrent inabordables ; aussi dans la place beaucoup d’hommes et d’animaux périrent de soif. Les assiégés, épouvantés de cette mortalité, remplirent des tonneaux de poix, de suif et de copeaux, les roulèrent enflammés sur les ouvrages des Romains, et firent en même temps une sortie pour les empê-