Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/354

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cher d’éteindre l’incendie ; bientôt le feu s’étendit aux galeries couvertes et à la terrasse, qui arrêtaient les matières inflammables. Malgré la difficulté du terrain et le péril croissant, les Romains ne cessaient de lutter avec persévérance. L’action se passait sur une hauteur, à la vue de l’armée ; des deux côtés de grandes clameurs se faisaient entendre ; chacun rivalisait de zèle, et plus on était en évidence, plus on s’exposait aux traits et au feu.

César, perdant beaucoup de monde, voulut, pour faire diversion, simuler un assaut : il ordonna à quelques cohortes de gravir de tous côtés la montagne en poussant des cris. Ce mouvement effraya les assiégés, qui, dans la crainte d’être attaqués sur d’autres points, rappelèrent à la défense des murs ceux qui incendiaient les ouvrages. Les Romains purent alors se rendre maîtres du feu. Cependant le siège se prolongeait ; les Gaulois, quoique épuisés par la soif et réduits à un petit nombre, ne se lassaient pas de se défendre avec vigueur. Enfin la galerie souterraine ayant atteint les reines de la source, celle-ci fut captée et détournée. Les assiégés, la voyant tout à coup tarie, crurent, dans leur désespoir, à une intervention des dieux, cédèrent à la nécessité et se rendirent.

César pensa que la pacification de la Gaule ne serait jamais terminée si la même résistance se rencontrait dans beaucoup d’autres villes. Il lui parut indispensable de répandre l’effroi par un exemple sévère, d’autant plus que « la douceur bien connue de son caractère, dit Hirtius, ne ferait pas imputer à la cruauté cette rigueur nécessaire. » Il fit couper les mains à tous ceux qui avaient porté les armes, et les renvoya comme témoignages vivants du châtiment réservé aux rebelles. Drappès, qui avait été fait prisonnier, se laissa mourir de faim ; Lucterius, arrêté par l’Arverne Epasnactus, ami des Romains, fut livré à César[1].


  1. Guerre des Gaules, VIII, xliv.