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Campagne contre les Helvètes.

II. César part de Rome, vers le milieu de mars 696, et arrive en huit jours à Genève. Aussitôt les Helvètes, qui s’étaient donné rendez-vous sur les bords du Rhône pour le 24 mars, jour de l’équinoxe, lui demandent la permission de traverser la Savoie, leur intention étant d’aller se fixer en Saintonge. Il ajourne sa réponse au 8 avril, et emploie les quinze jours qu’il gagne ainsi à fortifier la rive gauche du Rhône, depuis Genève jusqu’au Pas-de-l’Écluse, à lever des troupes dans la Province et à renouer les anciens liens d’amitié avec les Bourguignons[1], qui lui fourniront bientôt hommes, chevaux et vivres.

En rendant le Rhône infranchissable, en rattachant à sa cause le peuple qui occupait tout le cours de la Saône, depuis Pontailler jusque près de Trévoux, il avait intercepté aux Helvètes la route du midi et semé de difficultés leur passage du côté de l’ouest. Cependant ceux-ci n’en persistèrent pas moins dans leur dessein ; ils s’entendirent avec les Francs-Comtois, auxquels appartenait le Pas-de-l’Écluse, pour déboucher par ce défilé dans les plaines d’Ambérieux et sur le plateau des Dombes. Ils pouvaient ainsi arriver à la Saône, la passer de gré ou de force, se transporter dans la vallée de la Loire, en traversant les monts Charolais, et de là pénétrer en Saintonge.

Dès que César a connaissance de ce projet, son parti est aussitôt pris : il prévoit qu’un long temps s’écoulera avant que les Helvètes obtiennent le passage à travers des pays inquiets d’hôtes si nombreux ; il calcule qu’une agglomération de 368 000 individus, hommes, femmes et enfants, emportant sur des chariots pour trois mois de vivres, sera lente à se mouvoir ; il se rend dans la Cisalpine, y lève deux légions, fait venir d’Aquilée les trois qui y étaient en quar-

  1. Pour la plus claire intelligence du résumé, nous avons adopté les désignations modernes des différents peuples de la Gaule, quoique ces désignations soient loin de répondre aux anciennes circonscriptions.