Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/370

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suivre par ses clients ou par ses esclaves en armes, et qu’ainsi, à l’intérieur, tout le monde avait une armée, excepté la République ? Dès ce moment, comme on le verra, les querelles qui vont s’élever entre les partis amèneront toujours des émeutes ; les esclaves et les gladiateurs enrégimentés en seront les acteurs ordinaires.


Menées de Clodius.

V. Clodius, dont l’imprudent appui de ceux qu’on a appelés plus tard triumvirs avait augmenté l’influence, ne cessa pas, après le départ de César, de rechercher une vaine popularité et d’exciter les passions mal assoupies. Non content d’avoir, au commencement de son tribunat, rétabli ces associations religieuses, commerciales et politiques, qui, composées en majorité de la lie du peuple, étaient un danger permanent pour la société ; d’avoir fait des distributions de blé, restreint le droit d’exclusion des censeurs, défendu de prendre les auspices ou d’observer le ciel le jour fixé pour la réunion des comices[1], provoqué l’exil de Cicéron, il tourna son inquiète activité contre Pompée[2], que bientôt il irrita profondément en enlevant, pour le rendre à la liberté, un fils de Tigrane, roi d’Arménie, fait prisonnier dans la guerre contre Mithridate, et gardé comme un gage de la tranquillité de l’Asie[3]. En même temps il poursuivait en justice quelques amis de Pompée, et répondait aux représentations « qui lui étaient adressées, qu’il était bien aise d’apprendre jusqu’où allait le crédit du grand homme[4]. » Celui-ci songea alors à rappeler Cicéron pour l’opposer à Clodius, de même que, peu de mois auparavant, il avait suscité Clodius contre Cicéron. On le voit, le système de bascule politique n’est pas nouveau.


  1. Dion-Cassius, XXXVIII, xiii.
  2. Plutarque, Pompée, li, lii.
  3. Dion-Cassius, XXXVIII, xxx.
  4. Plutarque, Pompée, xlviii et l.