Savoie. Le projet de César ne put donc pas se réaliser. Il était réservé à un autre grand homme, dix-neuf siècles plus tard, d’aplanir cette formidable barrière des Alpes.
II. Reprenons le récit des événements survenus à Rome à partir des calendes de janvier 697 (20 décembre 696). Les consuls entrés en fonction étaient P. Cornelius Lentulus Spinther et Q. Cæcilius Metellus Nepos ; le premier, ami de Cicéron ; le second, favorable à Clodius, en haine du célèbre orateur, qui l’avait offensé[1].
Lentulus mit en délibération la question du rappel de l’exilé[2]. L. Aurelius Cotta, consulaire estimé, déclara que le bannissement de Cicéron, prononcé à la suite de violences inqualifiables, portait en lui-même la cause de sa nullité ; que dès lors il n’était pas besoin de loi pour revenir sur un attentat contre les lois[3]. Pompée combattit l’opinion de Cotta, et soutint qu’il fallait que Cicéron dût son rappel non-seulement à l’autorité du sénat, mais encore à un vote populaire. Il ne s’agissait plus que de présenter un plébiscite aux comices. Personne n’y faisait opposition, lorsque Sextus Atilius, tribun du peuple, demanda l’ajournement[4], et, par ces manœuvres dilatoires si familières aux Romains, força le sénat à remettre la présentation de la loi au 22 du même mois. Le jour venu, les partis s’apprêtèrent à appuyer leur opinion par la force. Q. Fabricius, tribun du peuple, favorable à Cicéron, chercha, dès le matin, à s’emparer des rostres. Clodius n’était plus tribun, mais il disposait toujours de la populace. Aux agitateurs de profession à sa solde il avait joint une troupe de gladiateurs appelée à Rome, par