Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/380

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qu’on ne l’avait fait pour aucun général ; Cicéron lui-même s’associa à ce haut témoignage de la reconnaissance publique[1].


Émeutes à Rome.

V. Malgré ces démonstrations, il existait toujours dans une certaine caste une haine sourde contre le vainqueur des Gaules : au mois de décembre 697, Rutilius Lupus, nommé tribun pour l’année suivante, proposa de révoquer les lois de César et de suspendre la distribution des terres de la Campanie[2] ; il se répandit en accusations contre ce général et contre Pompée. Les sénateurs se turent ; Cn. Marcellinus, consul désigné, déclara qu’en l’absence de Pompée on ne pouvait rien décider. D’un autre côté, Racilius, tribun du peuple, se leva pour renouveler les anciens griefs contre

  1. « Mais pourquoi, dans cette occasion surtout, s’étonnerait-on de ma conduite ou la blâmerait-on, quand moi-même j’ai déjà plusieurs fois appuyé des propositions qui étaient plus honorables pour César que nécessaires pour l’État ? J’ai voté en sa faveur quinze jours de prières : c’était assez pour la République qu’on décernât à César autant de jours qu’en avait obtenu Marius. Les dieux se seraient contentés, je pense, des mêmes actions de grâces qui leur avaient été rendues dans les guerres les plus importantes. Un si grand nombre de jours n’a donc eu pour objet que d’honorer personnellement César. Dix jours d’actions de grâces furent accordés, pour la première fois, à Pompée, lorsque la guerre de Mithridate eut été terminée par la mort de ce prince. J’étais consul, et, sur mon rapport, le nombre de jours décernés d’habitude aux consulaires fut doublé, après que vous eûtes entendu la lettre de Pompée et reconnu que toutes les guerres étaient terminées sur terre et sur mer. Vous adoptâtes la proposition que je vous fis d’ordonner dix jours de prières. Aujourd’hui j’ai admiré la vertu et la grandeur d’âme de Cn. Pompée, qui, comblé de distinctions telles que personne avant lui n’en avait reçu de semblables, déférait à un autre plus d’honneurs qu’il n’en avait obtenu lui-même. Ainsi donc, ces prières que j’ai votées en faveur de César étaient accordées aux dieux immortels, aux usages de nos ancêtres, aux besoins de l’État ; mais les termes flatteurs du décret, cette distinction nouvelle et le nombre extraordinaire de jours, c’est à la personne même de César qu’ils s’adressaient, et ils étaient un hommage rendu à sa gloire. » (Cicéron, Discours sur les provinces consulaires, x, xi. — Août, an de Rome 698.)
  2. Cicéron, Lettres à Quintus, II, i.