Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/381

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Clodius[1]. Afin de déjouer les prétentions de ce dernier, qui aspirait à l’édilité, et qui, une fois nommé, eût été inviolable, les consuls désignés demandèrent qu’il fût procédé à l’élection des juges avant celle des édiles. Caton et Cassius s’y opposèrent. Cicéron saisit avec empressement l’occasion de fulminer contre Clodius ; mais celui-ci, qui était sur ses gardes, se défendit longuement, et, pendant ce temps, ses adhérents, s’attaquant aux gens de Milon, excitèrent un tel tumulte sur les marches du temple de Castor, où le sénat tenait séance, que le Forum devint un nouveau champ de bataille. Les sénateurs s’enfuirent ; tous les projets furent abandonnés[2].

En présence de ces collisions sanglantes, les élections pour l’édilité et la questure n’avaient pu avoir lieu ; d’ailleurs Milon et Sextius empêchaient, par vengeance personnelle, le consul Q. Metellus de convoquer les comices. Dès que le consul indiquait un jour d’assemblée, les deux tribuns déclaraient aussitôt qu’ils observeraient le ciel ; et, de peur que cette cause d’ajournement ne suffît pas, Milon s’établissait de nuit dans le Champ de Mars avec son monde en armes. Metellus essaya de tenir les comices par surprise[3], et se rendit de nuit au Champ de Mars par des rues détournées ; mais il était bien surveillé. Avant d’arriver à la place, il fut rencontré et reconnu par Milon, qui lui signifia, en vertu de sa puissance tribunitienne, l’obnonciation, c’est-à-dire la déclaration d’un empêchement religieux à la réunion des assemblées populaires[4]. C’est ainsi que finit l’année 697.

Pendant ces luttes sans dignité où chaque parti se déshonorait par la violence, César avait, en deux campagnes,

  1. Cicéron, Lettres à Quintus, II, i.
  2. Cicéron, Lettres à Quintus, II, i.
  3. Cicéron, Lettres à Atticus, IV, iii.
  4. Cicéron, Lettres à Atticus, IV, ii et iii ; — Lettres à Quintus, II, i.