Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/387

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mains. Cicéron s’échappa prudemment[1], et cette fois encore la victoire demeura au parti des grands, probablement appuyé par des gladiateurs plus nombreux[2]. Le jugement de Milon, renvoyé à quelques jours de là, amena encore des scènes semblables ; mais l’accusé fut acquitté.


Retour de Caton.

III. Au milieu de ces querelles intestines, M. Caton revint de Chypre à Rome. Il rapportait le trésor de Ptolémée, frère de Ptolémée Aulètes, 7 000 talents (environ 40 millions de francs), un mobilier considérable, et ramenait un grand nombre d’esclaves. Ptolémée s’était empoisonné, sur le bruit de sa venue, ne lui laissant d’autre embarras que de recueillir ses trésors, car les Cypriotes, alors esclaves, dans l’espoir de devenir les alliés et les amis de Rome, reçurent Caton à bras ouverts. Fier de son expédition, qu’il avait remplie avec la plus parfaite intégrité, il tenait fort à ce qu’elle fût approuvée[3].

Le retour de Caton ne pouvait en rien remédier à l’état profondément troublé de la République[4]. Sa vertu n’était pas de celles qui attirent, mais de celles qui repoussent. Blâmant tout le monde, peut-être parce que tout le monde était blâmable, il restait seul de son parti.

Dès son arrivée, il se trouva à la fois en opposition avec Cicéron, qui attaquait la légalité de sa mission, et avec Clodius, qui, la lui ayant confiée en sa qualité de tribun, entendait s’en attribuer toute la gloire. Dans ces nouvelles menées de Clodius, César l’appuya, dit-on, en lui suggérant des motifs d’accusation contre Caton[5].


  1. « Clodius est précipité de la tribune, moi je m’esquive de crainte d’accident. » (Cicéron, Lettres à Quintus, II, iii.)
  2. Cicéron, Lettres à Quintus, II, iii.
  3. Dion-Cassius, XXXIX, xxii.
  4. Plutarque (Caton, xlv) nous dit que Caton revint sous le consulat de Marcius Philippus.
  5. Dion-Cassius, XXXIX, xxiii.