Aller au contenu

Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/410

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

à César la faveur publique, qui devait le porter de nouveau à la première magistrature. Néanmoins, pour faire disparaître les obstacles sans cesse suscités par un parti puissant, il fallait écarter des fonctions importantes les compétiteurs hostiles, attirer à lui les hommes distingués, tels que Cicéron, et, comme tout était vénal, acheter, avec le produit du butin fait à la guerre, les consciences à vendre. Cette conduite, secondée par Pompée et Crassus, promettait le succès.

Pompée, toujours sous le charme de sa femme, semblait se contenter du rôle qui lui était assigné. Libre de tout engagement, obéissant à ses propres instincts, il eût embrassé la cause du sénat plutôt que celle qu’il soutenait ; car les hommes d’une nature aussi vaniteuse que la sienne préfèrent aux marques d’approbation du peuple, qui parviennent rarement à leurs oreilles, l’adhésion flatteuse de l’aristocratie au milieu de laquelle ils vivent. Entraîné par la force des choses, il était obligé de lutter contre ceux qui lui faisaient obstacle, et, plus l’opposition se montrait ardente, plus il se laissait emporter par la violence. La légalité, d’ailleurs, n’était observée par personne. L’incident suivant en est une preuve. Caton aspirait à la préture. Le jour des comices, la première centurie, appelée la prérogative, et dont le suffrage avait une grande influence sur les autres, vota pour lui. Pompée, ne doutant pas du même résultat dans les autres centuries, déclara subitement qu’il avait entendu un coup de tonnerre[1], et congédia l’assemblée. Quelques jours après, en achetant les voix, en employant tous les moyens d’intimidation dont ils disposaient, les nouveaux consuls firent nommer préteur, à la place de M. Caton[2], P. Vatinius, auteur de la motion qui, en 695, avait fait donner à César le gouvernement de la Cisalpine.

  1. Plutarque, Caton, xlviii ; — Pompée, liv.
  2. Cicéron, Lettres familières, I, ix.