Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/425

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Antoine, qui bientôt allait être le questeur de César, commandait la cavalerie ; il se distingua par son intrépidité et son intelligence de la guerre[1]. Ce fut le commencement de sa fortune.

Gabinius, si l’on en croit Dion-Cassius, se garda bien d’envoyer la relation de sa conduite ; mais on ne tarda pas à la connaître, et il fut contraint de revenir à Rome, où l’attendaient les plus graves accusations. Malheureusement pour lui, lorsque le procès allait être jugé, Pompée, son protecteur, n’était plus consul.

Gabinius eut à subir successivement deux accusations : il fut absous de la première, sur le double chef de sacrilège et de lèse-majesté, parce qu’il paya chèrement ses juges[2]. Quant à la seconde accusation, relative à des faits de concussion, il éprouva plus de difficultés. Pompée, qui avait dû s’éloigner afin de pourvoir aux approvisionnements dont il était chargé, accourut aux portes de Rome, où ses fonctions de proconsul ne lui permettaient pas d’entrer, convoqua une assemblée du peuple hors du pomœrium, employa toute son autorité, et lut même des lettres de César en faveur de

  1. Plutarque, Antoine, ii.
  2. Voici ce qu’en dit Dion-Cassius : « L’influence des hommes puissants et des richesses était si grande, même contre les décrets du peuple et du sénat, que Pompée écrivit à Gabinius, gouverneur de la Syrie, pour le charger de ramener Ptolémée en Égypte, et que celui-ci, qui s’était déjà mis en campagne, l’y reconduisit, malgré la volonté publique et au mépris des oracles de la Sibylle. Pompée ne voulait que se rendre agréable à Ptolémée ; mais Gabinius s’était laissé corrompre. Plus tard, accusé pour ce fait, il ne fut pas condamné, grâce à Pompée et à son or. Il régnait alors à Rome un tel désordre moral, que des magistrats et des juges, qui n’avaient reçu de Gabinius qu’une faible partie des sommes qui avaient servi à le corrompre, ne tinrent aucun compte de leurs devoirs pour s’enrichir et apprirent aux autres à mal faire, en leur montrant qu’ils pourraient facilement se soustraire au châtiment avec de l’argent. Voilà ce qui fit absoudre Gabinius ; dans la suite, traduit en justice pour avoir enlevé de sa province plus de cent millions de drachmes, il fut condamné. » (Dion-Cassius, XXXIX, lv.)