Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/426

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l’accusé. Bien plus, il pria Cicéron de prendre sa défense, et Cicéron l’accepta, oubliant les invectives dont il avait accablé Gabinius devant le sénat. Tant d’efforts échouèrent : il fallut céder au déchaînement de l’opinion publique, habilement excitée par les ennemis de Gabinius, et celui-ci, condamné, partit pour l’exil, où il resta jusqu’à la dictature de César[1].


Corruption des élections.

V. On est étonné de voir des personnages tels que Pompée et César protéger des hommes qui semblent aussi décriés que Gabinius ; mais, pour juger avec impartialité les caractères de cette époque, il ne faut pas oublier d’abord qu’il y en avait fort peu sans tache, et ensuite que les partis politiques n’hésitaient pas à jeter sur leurs adversaires les plus odieuses calomnies. Gabinius, appartenant à la faction populaire, partisan de Pompée, avait encouru la haine de l’aristocratie et des publicains. Les grands ne lui pardonnaient pas d’avoir été l’auteur de la loi qui avait confié à Pompée le commandement de l’expédition contre les pirates et d’avoir montré, pendant son proconsulat en Syrie, peu de déférence à l’égard du sénat. Aussi cette assemblée refusait-elle, en 698, d’ordonner des actions de grâces pour ses victoires[2]. Les publicains lui en voulaient de ses décrets contre l’usure[3] et de sa sollicitude pour les intérêts de sa province[4]. Ce proconsul, qu’on représente comme un aventurier pillant ses administrés, paraît avoir gouverné la Judée avec justice et rétabli avec habileté, à son retour d’Égypte, les affaires troublées pendant son absence. Sa capacité militaire ne peut pas être révoquée en doute. En parlant de lui, l’historien Josèphe termine par ces mots son récit de la bataille contre

  1. Dion-Cassius, XXXIX, xliii.
  2. Cicéron, Lettres à Quintus, II, viii.
  3. Voir l’Index legum de Baiter, 181.
  4. Josèphe, XIV, xliii.