Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/437

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était allée au fourrage. Ce fut à grand’peine, et en perdant deux cohortes, que les Romains purent repousser cette attaque. La dévastation du pays de Liège s’accomplit ; mais Ambiorix échappa.

La défaite de Sabinus à Tongres ainsi cruellement vengée, César revint à Reims, y convoqua l’assemblée de la Gaule et y fit juger la conjuration des Sénonais et des Orléanais. Accon, chef de la révolte, fut condamné à mort et exécuté, et César, après avoir mis ses légions en quartiers d’hiver dans les pays qu’arrosent la Moselle, la Marne et l’Yonne, se rendit en Italie.


C. Domitius Calvinus et M. Valerius Messala, consuls.

III. À Rome, le jeu légal des institutions était sans cesse entravé par des ambitions particulières. L’année 700 avait fini sans que les comices consulaires eussent été tenus. Tantôt les tribuns du peuple, seuls magistrats dont l’élection avait lieu à jour fixe, s’opposaient à la tenue des comices ; tantôt les interrois eux-mêmes n’obtenaient pas d’auspices favorables, ou, dans ces moments de trouble, n’osaient pas assembler le peuple[1]. L’audace des agitateurs de tous les partis explique cette anarchie.

Fatiguée des intrigues et du désordre, l’opinion publique n’en attendait la fin que d’un pouvoir nouveau, ce qui arrache à Cicéron cet aveu pénible : « La République est sans force, Pompée seul est puissant[2]. » On parlait même déjà de dictature[3]. Plusieurs, selon Plutarque, osaient dire ouvertement « que la puissance d’un seul était l’unique remède aux maux de la République, et que ce remède, il fallait le recevoir du médecin le plus doux, ce qui désignait clairement Pompée[4]. » Aussi le tribun Lucceius fit-il la propo-

  1. Dion-Cassius, XL, xlv.
  2. Cicéron, Lettres à Quintus, III, iv.
  3. Cicéron, Lettres à Quintus, III, viii.
  4. Plutarque, César, xxxi.