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Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/440

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célèbre par son courage, l’élévation de ses sentiments et sa conduite dans la Gaule ; le brave Octavius, qui, plus tard, périt pour ne pas abandonner son général ; Vargunteius, Censorinus et Petronius ; pour questeur, C. Cassius Longinus, apprécié pour sa valeur et sa sagesse, et qui fut, dix ans après, un des meurtriers de César. Un Arabe était devenu son auxiliaire ; c’était le chef des Osroènes, bédouins du désert, lequel avait jadis servi Pompée dans sa campagne contre Mithridate ; il se nommait Abgaros ou Abgar[1], et s’était laissé acheter par le roi des Parthes pour trahir Crassus.

Artabaze, roi d’Arménie, vint trouver le proconsul à la tête de 6 000 chevaux, lui en promettant 10 000 autres avec 30 000 fantassins, s’il consentait à attaquer les Parthes par l’Arménie, où la nature montagneuse du pays rendrait inutile leur nombreuse et redoutable cavalerie. Crassus rejeta cette proposition, alléguant la nécessité d’aller rejoindre en Mésopotamie les garnisons qu’il y avait laissées l’année précédente. Celles-ci, en effet, étaient déjà bloquées par les Parthes, et des soldats évadés l’informaient des immenses préparatifs que faisait Orodes pour lui résister. Il traversa donc une seconde fois l’Euphrate non loin de Biradjik, lieu du passage d’Alexandre le Grand[2]. Là il avait à choisir entre deux directions pour atteindre Séleucie : ou descendre la rive gauche de l’Euphrate jusqu’au point où il se rapproche du Tigre[3], ou traverser le désert. La première, proposée par Cassius, lui procurait, quoique plus longue, l’immense avantage d’appuyer constamment son aile droite à

  1. Les anciens auteurs le nomment Augar, Abgaros on Ariamnes.
  2. Zeugma, suivant Dion-Cassius. Cette ville est sur la rive droite de l’Euphrate, en face de Biradjik.
  3. D’après Drumann, on ne pouvait pas toujours suivre le cours du fleuve, comme le dit Plutarque, parce qu’il existait un canal qui joignait l’Euphrate au Tigre (Pline, VI, xxx. — Ammien Marcellin, XXIV, ii.)