Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/441

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l’Euphrate, sur lequel des bateaux auraient porté ses approvisionnements. La seconde offrait, il est vrai, un trajet plus court, mais on s’exposait en la suivant à manquer d’eau, de vivres, et à des marches plus pénibles. Les conseils perfides d’Abgar lui firent préférer cette dernière. « Il n’y avait pas, disait l’Arabe, un moment à perdre pour empêcher les Parthes d’enlever leurs trésors et de les mettre en sûreté chez les Hyrcaniens et les Scythes. » Crassus possédait quelques-unes des qualités qui font un bon général ; il en avait donné des preuves dans la guerre des alliés comme dans celle contre Spartacus, mais la cupidité paralysait ses facultés. La gloire doit être la seule préoccupation du soldat.

Pendant ce temps, Orodes, roi des Parthes, avait divisé ses forces en deux corps d’armée : l’un, dont il prit le commandement, alla ravager l’Arménie pour empêcher Artabaze de se joindre aux Romains ; l’autre fut confié au vizir Surena, homme de mérite auquel Orodes devait sa couronne. Sans méconnaître son intelligence, nous ne croyons pas, comme quelques écrivains, que Surena inventa une nouvelle tactique pour s’opposer à celle des Romains, et qu’à cet effet, renonçant à l’infanterie, il se servit seulement de sa cavalerie. S’il mit toute sa confiance dans cette arme, c’est que les Parthes, se conformant à la nature de leur pays, ne combattaient généralement qu’à cheval, et chez eux, comme le dit Dion-Cassius, l’infanterie n’avait aucune valeur[1]. Le talent de Surena fut d’employer la ruse, si familière aux Asiatiques, pour entourer Crassus d’embûches et de traîtres et l’attirer dans des plaines où la cavalerie avait tout l’avantage.

  1. « Il y a chez eux peu de fantassins. On ne les prend que parmi les hommes les plus faibles. Dès l’âge le plus tendre, les Parthes sont habitués à manier l’arc et le cheval. Leur pays, qui forme presque tout entier une plaine, est très favorable à la nourriture des chevaux et aux courses de cavalerie. » (Dion Cassius, XL, xv.) — « Equis omni tempore vectantur ; illis bella, illis convivia, illis publica ac privata officia obeunt. » (Justin, XLI, iii.)