Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/445

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éventrer les chevaux ; mais la valeur doit céder au nombre. Publius, blessé, bat en retraite et dispose les débris de sa troupe sur un terrain dont la pente lui est désavantageuse. Il a beau vouloir faire un retranchement avec des boucliers, sa cavalerie se trouvant placée comme en amphithéâtre, les derniers rangs sont aussi exposés que les premiers aux traits des Parthes. Deux Grecs lui proposent de le sauver en l’emmenant à Ichnæ, ville peu éloignée ; le jeune héros répond qu’il n’abandonnera pas ses soldats : il reste pour mourir avec eux. Sur 6 000 hommes, 500 seulement sont faits prisonniers, les autres sont tués en combattant. Publius et ses deux amis, Censorinus et Megabacchus, se font donner la mort.

Pendant ce temps, Crassus, dégagé par le mouvement offensif de son fils, avait pris position sur une hauteur et attendait son retour victorieux. Mais bientôt des messagers viennent lui apprendre que, sans un prompt secours, son fils est perdu. Il hésite un moment entre l’espoir de le sauver et la crainte de compromettre le reste de son armée. Enfin il se décide à marcher. À peine s’est-il mis en mouvement qu’il aperçoit les Parthes arrivant à sa rencontre, poussant des cris de victoire et portant au bout d’une pique la tête de son fils. Dans cette circonstance, Crassus retrouve un instant cette énergie familière au caractère romain, et, parcourant les rangs : « Soldats, s’écrie-t-il, c’est moi seul que cette perte regarde. Tant que vous vivez, toute la fortune et toute la gloire de Rome subsistent et restent invincibles. Ne vous laissez pas abattre par mon malheur, et que votre compassion pour moi se change en colère contre les ennemis. » Ces derniers accents d’un chef présomptueux firent peu d’effet sur une armée déjà découragée. Elle combattit avec résignation, n’éprouvant plus cette ardeur que donne l’espoir de vaincre. Pris en flanc par les nombreux archers, attaqués de front par la pesante cava-