Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/452

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et celle de l’interroi M. Lepidus. Il fut repoussé à coups de flèches[1]. Milon, dans le premier moment, n’avait songé qu’à se cacher ; mais, en apprenant l’indignation et l’effroi causés par l’incendie de la curie, il se rassura. Persuadé d’ailleurs que, pour réprimer ces excès, le sénat sévirait contre le parti opposé[2], il rentra de nuit à Rome, poussa la hardiesse jusqu’à annoncer qu’il continuait à briguer le consulat, et commença de fait à acheter les suffrages. Cœlius, tribun du peuple, parla en sa faveur au Forum. Milon lui-même monta à la tribune et accusa Clodius de lui avoir tendu un guet-apens. Il fut interrompu par un nombre considérable d’hommes en armes qui se précipitèrent sur la place publique. Milon et Cœlius s’enveloppèrent de manteaux d’esclaves et prirent la fuite. On fit un grand carnage de leurs adhérents. Mais bientôt des séditieux, profitant de ce prétexte de trouble, égorgèrent tous ceux qui furent rencontrés, soit citoyens, soit étrangers, ceux surtout que leurs riches vêtements ou leurs anneaux d’or faisaient remarquer ; des esclaves en armes étaient les principaux instruments de ces désordres. Aucun crime ne fut épargné ; sous prétexte de rechercher les amis de Milon, un grand nombre de maisons furent pillées, et, pendant plusieurs jours, se commirent toutes sortes d’attentats[3].


La République est déclarée en danger.

II. Sur ces entrefaites, le sénat déclara la République en danger, et chargea l’interroi, les tribuns du peuple et le proconsul Cn. Pompée, ayant l’imperium près de la ville, de veiller au salut public et de faire des levées dans toute l’Italie. Le soin de rebâtir la curie Hostilia fut confié au fils de Sylla ; on décida qu’elle porterait le nom de l’ancien dic-

  1. Dion-Cassius, XL, xlix.
  2. Dion-Cassius, XL, xlix.
  3. Appien, Guerres civiles, II, xxii.