Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/457

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ce que tu as écrit, je ne mangerais pas des mulets à Marseille[1]. »

Pendant les guerres de Grèce et d’Afrique, Milon, qui n’avait pas oublié son rôle de conspirateur, revint en Italie, appelé par Cœlius. Ils tentèrent tous deux d’organiser des mouvements séditieux ; mais ils échouèrent, et payèrent de leur vie leur téméraire entreprise[2].

Pompée, parvenu au faîte du pouvoir, crut, comme la plupart des hommes épris d’eux-mêmes, que tout était sauvé parce qu’on l’avait mis à la tête des affaires ; mais, au lieu de s’en occuper, sa première pensée fut de se remarier. Il épousa, malgré son âge avancé, Cornélie, fille de Scipion, la jeune veuve de Publius Crassus, qui venait de périr chez les Parthes. « On trouvait, dit Plutarque, qu’une femme si jeune, remarquable par les qualités de l’esprit et les grâces extérieures, aurait été plus convenablement mariée à son fils. Les plus honnêtes citoyens lui reprochaient d’avoir, dans cette occasion, sacrifié les intérêts de la République, qui, dans l’extrémité où elle était réduite, l’avait choisi pour son médecin et s’en était rapportée à lui seul de sa guérison. Au lieu de répondre à cette confiance, on le voyait, couronné de fleurs, faire des sacrifices et célébrer des noces, tandis qu’il aurait dû regarder comme une calamité publique ce consulat, qu’il n’aurait pas obtenu, selon les lois, seul et sans collègue, si Rome eût été plus heureuse[3]. »

Pompée avait néanmoins rendu de grands services en réprimant les émeutes et en protégeant l’exercice de la justice. Il avait délivré Rome des bandes de Clodius et de Milon, donné une organisation plus régulière aux tribu-

  1. Dion-Cassius, XL, liv.
  2. Velleius Paterculus, II, lxviii.
  3. Plutarque, Pompée, lviii.