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Pompée s’associe Cæcilius Metellus Pius Scipion.

V. Vers le 1er août, Pompée associa son beau-père Scipion à son consulat, pour les cinq derniers mois. Ce partage de pouvoir, purement nominal, et qui fut depuis imité par les empereurs, sembla satisfaire les hommes uniquement préoccupés des formes. Les sénateurs se vantaient d’avoir rétabli l’ordre sans nuire aux institutions de la République[1].

Scipion voulut signaler sa courte administration en abolissant la loi de Clodius qui ne permettait aux censeurs d’expulser du sénat que les hommes déjà frappés d’une condamnation. Il remit les choses sur l’ancien pied, en rendant le pouvoir des censeurs à peu près illimité. Ce changement ne fut point accueilli avec faveur, comme Scipion s’y était attendu. Les vieux consulaires, parmi lesquels on choisissait ordinairement les censeurs, trouvaient compromettante la responsabilité de pareilles fonctions dans un temps de trouble et d’anarchie. Au lieu d’être sollicitée comme un honneur, la censure fut évitée comme un poste périlleux[2].

Il était chaque jour plus évident, aux yeux de tous les hommes sensés, que les institutions de la République devenaient de plus en plus impuissantes à garantir l’ordre au dedans, peut-être même la paix au dehors. Le sénat ne pouvait plus s’assembler, les comices se tenir, les juges rendre un arrêt, que sous la protection d’une force militaire ; il fallait donc se mettre à la discrétion d’un général, et abdiquer toute autorité entre ses mains. Aussi, tandis que l’instinct populaire, qui se trompe rarement, voyait le salut de la République dans le pouvoir d’un seul, le parti aristocratique, au contraire, ne voyait de danger que dans cet entraînement général vers un homme. C’est pourquoi Caton

  1. Plutarque, Pompée, lv. — Valère Maxime, IX, v. — Appien, Guerres civiles, II, xxiii, xxiv.
  2. Dion-Cassius, XL, lvii.