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se fit inscrire parmi les candidats au consulat pour l’année 703, signalant Pompée et César comme également dangereux, et déclarant n’aspirer à la première magistrature que pour réprimer leurs desseins ambitieux. Cette compétition, opposée à l’esprit de l’époque et aux instincts puissants qui étaient en jeu, n’avait pas de chance de réussite : la candidature de Caton fut écartée sans peine.


Insurrection de la Gaule et campagne de 702.

VI. Non-seulement le meurtre de Clodius avait profondément agité l’Italie, mais le contrecoup s’en était fait sentir au delà des Alpes, et les troubles de Rome avaient ranimé dans la Gaule le désir de secouer le joug des Romains. Les dissensions intestines, en faisant croire à l’affaiblissement de l’État, réveillent sans cesse les espérances des ennemis extérieurs, et, chose plus triste à constater, ces ennemis extérieurs trouvent toujours des complices parmi les traîtres prêts à livrer leur patrie[1].

La campagne de 702 est sans contredit la plus intéressante, sous le double point de vue politique et militaire. À l’historien, elle offre la scène émouvante de peuplades, jusqu’alors divisées, s’unissant dans une même pensée nationale et s’armant afin de reconquérir leur indépendance. Au philosophe, elle présente, comme résultat consolant pour les progrès de l’humanité, le triomphe de la civilisation contre les efforts les mieux combinés et les plus héroïques de la barbarie. Enfin, aux yeux du soldat, c’est le magnifique exemple de ce que peuvent l’énergie et la science de la guerre chez un petit nombre en lutte avec des masses sans organisation et sans discipline.

  1. «… Il (Vercingetorix) pensait à faire prendre subitement les armes à toute la Gaule pendant qu’à Rome on préparait un soulèvement contre César. Si le chef des Gaulois eût différé son entreprise jusqu’à ce que César eût eu sur les bras la Guerre civile, il n’eût pas causé à l’Italie entière moins de terreur qu’autrefois les Cimbres et les Teutons. » (Plutarque, César, xxviii.)