Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/468

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

guise. Les habitants de la Savoie, au lieu de répondre à l’appel fait à leur ancienne indépendance, repoussent énergiquement les attaques des Gaulois, et le Vivarais ne montre pas moins de dévouement pour la cause romaine.

Quant à l’armée gauloise, sa force consistait surtout en cavalerie ; les hommes de pied, malgré les efforts de Vercingetorix, ne composaient qu’une masse indisciplinée ; car l’organisation militaire reflète toujours l’état de la société, et là où il n’y a pas de peuple, il n’y a pas d’infanterie. En Gaule, comme le dit César, deux classes seules dominaient, les prêtres et les nobles[1]. Rien d’étonnant que, alors comme au moyen âge, la noblesse à cheval fût le véritable nerf des armées. Aussi les Gaulois ne hasardaient-ils jamais de résister aux Romains en rase campagne, ou plutôt tout se bornait à un combat de cavalerie, et, lorsque la leur avait eu le dessous, l’armée se retirait sans que l’infanterie en vînt aux mains. C’est ce qui était arrivé devant Sancerre : la défaite de sa cavalerie avait forcé Vercingetorix à battre en retraite ; il avait laissé César continuer tranquillement son chemin vers Bourges, et prendre cette ville, sans jamais oser l’attaquer, ni pendant la marche ni pendant le siège.

Il en sera de même à la bataille de la Vingeanne. César se dirigeait de Joigny vers la Franche-Comté, à travers le pays de Langres. Son but était d’atteindre Besançon, place d’armes importante, d’où il pouvait à la fois reprendre l’offensive et protéger la Province romaine ; mais, arrivée à l’extrémité orientale du territoire de Langres, dans la vallée de la Vingeanne, à environ 65 kilomètres d’Alésia, son armée, en marche, est arrêtée par celle de Vercingetorix, dont la nombreuse cavalerie a juré de passer trois fois à travers les lignes romaines ; cette cavalerie est repoussée

  1. « Dans toute la Gaule il n’y a que deux classes d’hommes qui comptent et qui soient considérées (les druides et les chevaliers), car le peuple n’a guère que le rang des esclaves. » (Guerre des Gaules, VI, xiii.)