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Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/476

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sentiments d’humanité, et combien un général victorieux devait être blessé de voir sans cesse se soulever contre son autorité ceux dont il avait revu le serment de fidélité et qu’il avait comblés d’honneurs.

Presque tous les ans, il convoque l’assemblée de la Gaule[1], soit à Lutèce, soit à Reims, soit à Bibracte, et il n’impose aux peuples les droits du vainqueur qu’après les avoir appelés à discuter devant lui leurs intérêts ; il les préside bien plus en protecteur qu’en conquérant. Enfin, lorsque les derniers restes de l’insurrection ont été anéantis à Uxellodunum (Puy d’Issolu), il va passer l’hiver dans la Belgique ; là il s’efforce de rendre aux vaincus l’obéissance plus facile, apporte dans l’exercice du pouvoir plus de douceur et de justice, et introduit chez ces races, encore sauvages, les bienfaits de la civilisation. Telle fut l’efficacité de ces mesures, que, lorsque, abandonnant définitivement la Gaule, il fut obligé d’en retirer ses légions, le pays, si agité naguère, demeura calme et tranquille ; la transformation fut complète, et, au lieu d’ennemis, il laissa de l’autre côté des Alpes un peuple toujours prêt à lui fournir de nombreux soldats pour ses nouvelles guerres[2].

À voir un homme éminent se dévouer, pendant neuf années, avec tant de persévérance et d’habileté, à la grandeur de sa patrie, on se demande comment pouvaient s’élever contre lui, dans Rome, tant d’animosités et de rancunes. Mais on s’explique ces colères par les regrets et le dépit, bien excusables d’ailleurs, que ressentent les castes

  1. « Dès le printemps il convoqua, selon l’usage, l’assemblée de la Gaule. » (Guerre des Gaules, VI, iii.)
  2. Cicéron paraît craindre pour sa femme et sa fille en pensant que l’armée de César était remplie de barbares. (Cicéron, Lettres à Atticus, VII, xiii, an 705.) Il écrivait à Atticus que, suivant Matius, les Gaulois offraient à César 10 000 hommes d’infanterie et 6 000 de cavalerie, qu’ils entretiendraient à leurs dépens pendant dix années. (Cicéron, Lettres à Atticus, II, xii, 2.)