Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/477

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privilégiées lorsqu’un système qui a fait durant plusieurs siècles leur puissance et la gloire du pays, vient à s’écrouler sous l’action irrésistible des idées nouvelles ; la haine s’attachait à César comme au promoteur le plus dangereux de ces idées. On accusait, il est vrai, son ambition ; au fond c’est à ses convictions hautement déclarées qu’on en voulait depuis longtemps.

César commença sa carrière politique par une épreuve toujours honorable, la persécution supportée pour une grande cause. Le parti populaire s’appuyait alors sur les souvenirs de Marius ; César n’hésita pas à les faire revivre avec éclat. De là le prestige qui l’entoura dès son jeune âge, et qui ne cessa de grandir avec lui. La constance de ses principes lui valut tous les honneurs et toutes les dignités qui lui furent conférés ; nommé successivement tribun militaire, questeur, grand pontife, curateur de la voie Appienne, édile, préteur urbain, propréteur en Espagne, enfin consul, il put compter ces différents témoignages de la faveur publique comme autant de victoires remportées sous le même drapeau contre les mêmes ennemis. Tel était le motif des passions violentes de l’aristocratie : elle rendait un seul homme responsable de la décadence d’un ordre de choses qui s’abîmait dans la corruption et dans l’anarchie.

Lorsque, pendant son édilité, César fait replacer au Capitole les trophées de Marius, symboles glorieux de la guerre contre les Cimbres et les Teutons, le parti opposé s’écrie déjà qu’il veut renverser la République ; lorsqu’il revient d’Espagne, après avoir conduit ses légions victorieuses jusqu’en Portugal, son passage à travers les colonies transpadanes inspire tant de craintes au sénat qu’on retient en Italie deux légions destinées à l’Asie ; lorsqu’il croit pouvoir demander à la fois le triomphe et le consulat, double faveur accordée à beaucoup d’autres, on l’oblige de renoncer au triomphe. Consul, il rencontre, pendant la durée de sa