Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/48

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gardent dans leur demeure ces hideux trophées, et les plus nobles les conservent précieusement, enduits d’huile de cèdre, dans des coffrets qu’ils montrent avec orgueil à leurs hôtes[1]. »

Lorsqu’un grand danger menaçait le pays, les chefs convoquaient un conseil armé, où les hommes devaient se réunir, au lieu et au jour indiqués, pour délibérer. La loi voulait que le dernier arrivé fût impitoyablement massacré sous les yeux de l’assemblée. Pour communiquer entre eux, ils s’échelonnaient de loin en loin dans les campagnes, et, par leurs cris répétés, transmettaient rapidement à de grandes distances les nouvelles importantes. Souvent aussi ils arrêtaient les voyageurs et les forçaient de répondre aux questions qu’ils leur adressaient[2].

Les Gaulois étaient très-superstitieux[3]. Persuadés qu’aux yeux des dieux la vie d’un homme ne peut être rachetée que par celle de son semblable, ils faisaient vœu, dans les maladies ou dans les dangers, d’immoler des êtres humains par le ministère des druides. Ces sacrifices avaient même un caractère public[4]. Ils construisaient parfois en osier des mannequins de grandeur colossale qu’ils remplissaient d’hommes vivants ; on y mettait le feu, et les victimes périssaient étouffées par les flammes. Ces victimes étaient généralement prises parmi les criminels, comme plus agréables aux dieux ; mais, à leur défaut, les innocents mêmes étaient sacrifiés.

  1. Diodore de Sicile, V, xxix. Voyez les bas-reliefs d’Entremonts, au musée d’Aix, représentant des cavaliers gaulois dont les chevaux ont des têtes humaines suspendues au poitrail.
  2. Guerre des Gaules, IV, v, et VII, iii.
  3. Tite-Live (V, xlvi) représente les Gaulois comme très-religieux.
  4. L’usage des sacrifices humains chez les Gaulois est attesté par un grand nombre d’auteurs. (Cicéron, Discours pour Fonteius, xiv, 31. — Denys d’Halicarnasse, I, xxxviii. — Lucain, Pharsale, I, 444, et III, 399 et suiv. — Solin, xxi. — Plutarque, Sur la superstition, p. 171. — Strabon, IV, p. 164, éd. Didot.)