Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/480

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Si l’on réfléchit au danger qui menaçait alors les provinces d’Orient, on a lieu d’être surpris de ces deux choix. Ni Bibulus, ni Cicéron n’avaient fait preuve de talents militaires ; ce dernier l’avouait même très-franchement[1]. Les Parthes étaient menaçants, et, tandis que Pompée avait envoyé en Espagne quatre vieilles légions, demeurant lui-même en Italie avec deux autres, les frontières orientales n’étaient gardées que par de faibles armées[2], commandées par deux généraux qui n’avaient jamais fait la guerre.


Esprit qui anime les adversaires de César.

IV. Marcellus, après avoir échoué dans son projet d’enlever César à son armée, proposa une mesure qui témoigne du véritable caractère des passions qui agitaient la République. Le père de Pompée avait fondé dans la Cisalpine la colonie de Novum Comum et lui avait donné le droit de Latium, qui conférait aux magistrats de la ville, après une année de fonctions, les privilèges des citoyens romains[3]. César y avait envoyé cinq mille colons, dont cinq cents Grecs[4], et, pendant son premier consulat, leur avait attribué le droit de cité romaine. Or Marcellus s’évertua à leur faire retirer ce droit ; mais n’ayant pas réussi dans cette tentative et ne voulant à aucun prix reconnaître[5] la loi de César, il condamna aux verges, on ne sait pour quel délit, un habitant de Novum Comum. Celui-ci réclama, invoquant le bénéfice accordé à sa cité : ce fut en vain. Marcellus le fit fouetter en lui disant : « Va montrer tes épaules à César ;

  1. « Je m’établis quelques jours près d’Issus, sur l’emplacement même du camp d’Alexandre, qui était tant soit peu meilleur général que vous et moi. » (Cicéron, Lettres à Atticus, V, xx.) — « Que cette mission va mal à mes habitudes, et qu’on a raison de dire : Chacun son métier ! » (Cicéron, Lettres à Atticus, V, x, 18.)
  2. Cicéron avait deux légions, mais fort incomplètes.
  3. Asconius, In Pisonem, 3. — Appien, Guerres civiles, II, xxvi.
  4. Strabon, V, 177.
  5. Suétone, César, xxviii.