Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/483

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ainsi que le parti aristocratique entendait la liberté ; la haine contre César venait surtout de ce qu’il prenait à cœur la cause des opprimés et de ce que pendant son premier consulat, comme le dit Appien, il n’avait rien fait en faveur des grands[1].

Le prestige de ses victoires avait contenu l’opposition ; lorsque approcha le terme de son commandement, toutes les inimitiés se réveillèrent ; elles attendaient que, rentré dans la vie commune, il ne fût plus protégé par les prérogatives attachées à l’imperium. « Marcus Caton, dit Suétone, jurait qu’il dénoncerait César aux magistrats dès qu’il aurait licencié son armée, et l’on répétait généralement que, si César revenait en simple particulier, il serait, comme Milon, obligé de se défendre devant des juges entourés d’hommes en armes. Asinius Pollion rend cette version fort vraisemblable ; il rapporte qu’à la bataille de Pharsale, César, jetant les yeux sur ses adversaires vaincus ou fugitifs, s’écria : Ils l’ont voulu ! Après tant de grandes choses accomplies, moi, Caïus César, j’étais condamné, si je n’eusse demandé secours à mon armée[2]. » Aussi Cœlius, écrivant à Cicéron, posait-il la question sous son véritable jour en disant : « César se persuade qu’il n’y a pour lui de salut qu’en gardant son armée[3] ; » et, d’un autre côté, comme nous l’apprend Dion-Cassius, Pompée n’osait pas soumettre le différend au peuple, sachant bien que, si le peuple était pris pour juge, César l’emporterait[4].


La question de droit entre le sénat et César.

V. C’est ici le lieu d’examiner à quelle époque expirait le pouvoir de César et quel fut le prétexte du conflit qui s’éleva entre lui et le sénat.

  1. Appien, Guerres civiles, II, xxv.
  2. Suétone, César, xxx.
  3. Cœlius à Cicéron, Lettres familières, VIII, xiv.
  4. Dion-Cassius, XLI, vi.